Paroisses
Denier
Années de l'Appel

L’Homélie de l’abbé Patrick pour le 3ème dimanche de Pâques

Bonjour à tous,
Voici l’homélie de l’abbé Patrick Denis pour le 3ème dimanche de Pâques, qui s’appuie sur la lecture de l’Evangile selon Saint-Luc (Luc 24, 35-48).

L’abbé Patrick a ajouté ce lien qui propose aux enfants de faire un livret « sur le chemin d’Emmaüs » totalement en adéquation avec l’Evangile du jour et l’Homélie

Note : 
Voici la listes des personnes à l’intention desquelles nous célébrerons la messe ce dimanche : les défunts des familles Chaudeur et Fromont, Josette Longueville (quarantaine), Maria Brocard (quarantaine), les défunts des familles Charles – Leroy.
Une intention particulière a aussi été demandée pour la confiance et la paix.

Et voici donc ci-dessous le texte de méditation pour l’Evangile de cette semaine.
————————

Pour l’annonce de l’Evangile, le prêtre ou le diacre salue l’assemblée par les mots : « Le Seigneur soit avec vous ».

Cette formule sous forme de souhait signifie la présence du Christ dans la Parole.
L’Evangile n’est pas lu mais « proclamé » ; ce terme vient signifier que la Parole est au  présent.
Enfin, l’assemblée peut reconnaître cette Parole par la formule « Louange à toi, Seigneur Jésus ».
L’assemblée reconnaît ainsi dans la joie Celui qui vient de lui adresser sa parole.
Ces détails liturgiques sont là pour dire l’actualité de l’Evangile.
C’est à nous, dans nos vies telles qu’elles se tissent à ce moment, que le Christ parle.

Le récit des disciples d’Emmaüs est bien connu ; il est lu chaque année et est bien souvent utilisé en catéchèse. Nous connaissons bien les deux personnages, d’autant plus que nous pouvons nous identifier à celui dont le prénom n’est pas donné.
Sur ce chemin d’Emmaüs, il y a Cléophas et l’autre disciple qui peut prendre chacun de nos prénoms.

Essayons donc de creuser ce passage pour éclairer notre propre chemin d’Emmaüs, tellement singulier en ces semaines ?

Une souffrance dont beaucoup témoignent – et il y a là motif à se rassurer  – est l’absence de l’Eucharistie : nous ne pouvons pas « communier ». Nous sommes privés du corps du Christ en tant qu’il vient se rompre et se donner à une communauté par le pain et le vin offerts. Face à ce manque, le récit des disciples d’Emmaüs peut venir nourrir notre foi aujourd’hui et renouvelé notre pratique de l’Eucharistie.

Le Concile Vatican II présente l’eucharistie comme « source et le sommet de toute la vie chrétienne » (Lumen Gentium n°11), expression magnifique qu’il faut pouvoir aborder dans toutes ses dimensions.

Le recours à des images peut être utile. Notre département est traversé par la Meuse, mais nous n’en voyons pas la source. Nous connaissons la Meuse essentiellement par la traversée de nos villes et campagnes. Et pourtant sans source, il n’y a rien. Toute personne qui a pu faire de la randonnée en montagne sait que le sommet est une visée durant toute la marche et que l’on y reste généralement peu de temps.

Les disciples ont reconnu Jésus quand il a été à table avec eux, qu’il a pris le pain, a prononcé la bénédiction, a rompu le pain et l’a donné. Ces instants ont été le sommet de leur marche et aussi la source qui les a poussés à retourner à Jérusalem, au cœur de la vie.

Mais pour arriver à ce moment, des étapes essentielles ont été franchies.

  • Tout commence par une approche de Jésus, un mouvement vers deux hommes en déroute, deux hommes qui partent vers une certaine marginalité en s’éloignant de Jérusalem.
  • Il s’agit ensuite de prendre le pouls des espérances de ces deux hommes, disciples de Jésus, mais même plus largement de tous les hommes. Les disciples disent à Jésus : « Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci ». Cela signifie donc que même les étrangers étaient concernés par l’espérance qui a été piétinée.
  • Et puis vient la proposition, le rappel patient, nuancé, fraternel d’une parole qui vient éclairer, réchauffer, et qui finit par donner envie de rester ensemble, de partager.
  • C’est alors le moment de passer à table et pour Jésus, de prendre le pain.

Cette progression peut nous aider à bien replacer l’Eucharistie comme source et sommet de notre vie chrétienne, et non simplement comme une pause dans un voyage permettant de dire « qu’on est passé là ». Goûter l’Eucharistie, entrer dans la plénitude de l’action de grâce du Christ, suppose de prendre le chemin des disciples d’Emmaüs.

– Il s’agit d’abord d’être attiré, aimanté par les personnes en souffrance, ceux qui s’éloignent, sont mis en marge.
– Vient le temps de l’écoute de la parole de ceux que nous rencontrons, l’attention aux soucis, espérances et inquiétudes du monde. Le Pape François ne cesse d’insister sur la mission essentielle d’écoute de l’Eglise ; « L’écoute est sensibilité et ouverture aux opinions de nos frères » a-t-il notamment dit.
– Pour nous chrétiens vient alors ce temps spécifique où nous pourrons apporter la Parole du Christ. Cela suppose d’en être familier, de la lire comme lieu de présence et de rencontre du Christ, comme Parole de vie pour tout homme aujourd’hui.
Alors l’Eucharistie sera sommet et pourra être une source pour reprendre le chemin de Jérusalem, pour retourner au monde.

Il ne faudrait pas que nous perdions toute cette densité en nous satisfaisant des messes diffusées un peu à la légère actuellement sur les réseaux sociaux. Le risque est de la réduire à un simple lieu de passage agrémentant notre chemin ;  l’absence d’eucharistie signifierait alors l’inanité du chemin.

Bien sûr la rencontre dominicale reste essentielle pour rythmer, nourrir notre vie chrétienne, constituer le corps du Christ mais les circonstances actuelles sont là pour nous dire qu’il y  faut la route d’Emmaüs. Profitons-en puisque nous en avons le temps.