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Samedi Saint : Grand silence sur la terre


« Aujourd’hui, grand silence sur la terre. Silence dans les rues de nos villes, silence sur les places de nos villages, silence sous les préaux de nos écoles, silence dans les allées de nos cimetières à peine troublé par l’ombre d’un cortège famélique » C’est par ces mots que Gilles Drouin commence une méditation sur le samedi Saint, jour de silence aussi dans l’Eglise. Après le constat de sa mort, Jésus est détaché de la croix. Pilate a accordé la faveur à Nicodème de rendre le corps à la famille. Joseph d’Arimathie prête son tombeau pour ensevelir Jésus. La pierre est roulée devant l’entrée. On a fait taire la Parole. Les adversaires de Jésus pensent en avoir fini avec celui qui s’est dit la vie, la lumière du monde, le chemin, la vérité. Mais dans le silence de ce jour, le mystère du salut des hommes se poursuit. Le Christ, selon notre profession de foi est « descendu aux enfers » : c’est-à-dire qu’il vient rechercher toute l’humanité qui l’a précédé et attendait d’être arrachée à la mort pour bénéficier de la communion avec Dieu que sa mort et sa résurrection procurent à tous. A Jérusalem, dans la basilique du St sépulcre, l’agencement des bâtiments illustre bien cet article de foi. Au- dessous de la chapelle de la crucifixion, se trouve une autre chapelle appelée « la chapelle d’Adam ». Le sang de Jésus versé sur la croix, symbole de sa vie donnée par amour pour le monde, vient se répandre sur Adam, le premier homme, symbole de toute l’humanité qui attend d’être arrachée à son éloignement de Dieu. Jésus vient extirper le vieil homme de l’humanité pour lui donner la vie de l’homme nouveau habité par son Esprit. En ce silence du samedi saint, que peut-il se passer ? « Ce qui peut se passer se passe au-dedans, au plus profond, au plus sombre, au plus blessé, au plus corrompu peut-être de nos cœurs, c’est jusque là que le jeune Adam veut descendre pour oxygéner ces zones virosées, pour remplir de son Esprit les poumons ankylosés de nos existences. Pour nous sauver. Exactement comme les infirmières et les médecins combattent pour arracher les malades à l’étouffement dans les salles surpeuplées de nos hôpitaux » (Gilles Drouin ).Dès le départ de sa vie publique, Jésus est venu recevoir le baptême de Jean-Baptiste à l’endroit le plus bas de la terre, la vallée du Jourdain, près de la mer Morte. Il vient chercher l’homme au plus profond de lui-même, ce qui est « confiné » dans la carapace qu’il s’est constitué et qui l’enferme dans son égoïsme. Jésus vient faire éclater cette carapace pour laisser s’exprimer l’image divine cachée en chacun et qui ne demande qu’à s’épanouir pour le bonheur de l’homme lui-même. Dans ce silence du Samedi Saint laissons l’homme nouveau s’éveiller en nous pour faire jaillir le dynamisme de la charité, toujours à porter de mains même sans les

célébrations.