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HOMELIE   DU  24  NOVEMBRE     ( Luc 21, 35-43)

N’oublions pas que nous célébrons aujourd’hui la fête du Christ Roi de l’Univers ! Titre pompeux et  solennel s’il en est… Et qu’est-ce que l’Eglise a choisi comme évangile pour illustrer cette fête ? Jésus sur la Croix, qui va mourir, insulté par les chefs, les soldats et même par un des deux malfaiteurs pendu à la croix avec lui… N’oublions pas que la mort par pendaison sur une croix était, à cette époque, la mort la plus humiliante, celle des moins que rien. Il y a quand même mieux (on ne peut faire pire !) pour rehausser ce titre de Roi de l’Univers ! Un bon miracle  aurait mieux fait l’affaire et même à la rigueur de très belles paroles avec un beau message. Là, Jésus ne dit rien, il répond seulement en une phrase à celui qu’on appelle le bon larron !

On comprend d’autant moins quand on se rappelle les paroles de Saint Paul dans la deuxième lecture : « Jésus est l’image du Dieu invisible ! » Ce qui veut dire : « Vous voulez savoir réellement qui est Dieu, relisez l’évangile et rappelez-vous que Jésus nous révèle parfaitement, nous dit totalement qui est Dieu… » mais tout simplement parce qu’il est Dieu ! Et ça, on a du mal à l’admettre, car tout naturellement, pour nous Dieu, c’est le tout puissant, celui qui punit, qui récompense selon notre conduite, celui qui ne devrait pas laisser faire les injustices et qui devrait agir pour que la paix entre les hommes existe, on déplore souvent, sa non-intervention, lui le tout-puissant ! Et c’est là que ça frite…

Car Jésus nous révèle que la toute-puissance de Dieu, est celle de l’amour…. Et cette toute puissance de l’amour est totalement opposée à la force, à la domination, à la toute-puissance. Quelqu’un qui domine, écrase, impose ne peut pas aimer vraiment, et c’est l’expérience qui nous le montre. Dans la situation qui est la sienne, dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus n’écrase vraiment personne et c’est vraiment ce qui va lui permettre d’avoir ce bel échange avec le bon larron, vraiment en cœur à cœur, qui se conclura par cette phrase : « Aujourd’hui avec moi, tu seras dans le Paradis… »

Cette très courte réflexion entraîne pour nous deux conséquences, nous sommes amenés à corriger l’idée que nous nous faisons de Dieu et dans le même mouvement à corriger notre manière de vivre nos relations avec les autres. Corriger notre idée sur Dieu ! Qu’est-ce que c’est difficile… Certains disent que Dieu est l’invention des hommes ! Pas si sûr, en tous les cas beaucoup ne l’auraient pas fabriqué comme ça ! Ce Dieu qui laisse libre, qui fait confiance et qui à cause de cela donne l’impression de tolérer les injustices, qui aime tout le monde gratuitement… Cela c’est vraiment limite. Cette semaine, je me suis retrouvé à réfléchir sur ce texte avec un groupe. Quand on en est arrivé à cet amour gratuit de Dieu, j’ai senti un certain nombre pas heureux du tout : « Quand même Dieu n’est pas juste et d’énumérer les pires crapules qui existent qui sont indéfendables… » Sous-entendu, et nous qui faisons des efforts pour essayer de vivre en fidélité avec l’évangile, on ne serait pas mieux loti que ces crapules, ça ne va quand même pas ça ! Et l’un de nous a repris cet évangile pour donner un véritable éclairage pour nous aujourd’hui : Cette idée de Dieu que nous révèle Jésus, on ne peut la comprendre et surtout l’admettre qu’en faisant l’expérience de  cette relation avec lui. Et donc, il faut créer ces dispositions, cet état d’esprit dans un certain comportement : Le peuple observe, les chefs, les soldats tournent en dérision, ne parlons pas d’un des deux larrons qui l’insulte… Alors pourquoi c’est l’un des malfaiteurs qui va vivre ce cœur à cœur avec Jésus, qui va vivre une belle rencontre, marquée par l’amitié de Jésus, qui va le rendre profondément heureux ! D’abord cet homme partage la même situation difficile que Jésus, sur la croix, mais en plus il est vrai, il ne bluffe pas, il dit  que c’est à juste titre s’il est puni : « Nous avons ce que nous méritons… » Hier soir, je me suis retrouvé dans une famille dont la femme a un peu la même maladie que moi. A un moment, on s’est surpris ou plutôt, on a été surpris en train d’échanger, tous les deux, sur les désagréments, les difficultés à vivre ces maladies, cette situation assez semblable partagée nous a aidés à regarder tout ce que nous pouvions partager comme richesses dans nos relations avec les autres. Ce qui m’a étonné, c’est quand on a été surpris en train de  partager cette situation, on n’a pas éprouvé, ni l’un ni l’autre, la nécessité d’en rendre compte aux autres ; je pense qu’on s’est dit qu’ils ne comprendraient pas. De même la situation commune de Jésus sur la croix et du malfaiteur aussi sur la croix ont été le moyen d’un vrai partage, d’une vraie rencontre. Jésus nous invite à relire toutes nos vies, y compris ou d’abord  les plus difficiles, comme une possibilité d’une vraie rencontre personnelle avec lui et ça change tout. Alors essayons…

Daniel Bertèche