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Homélie du 15 septembre 2019

HOMELIE   DU  15  SEPTEMBRE  (1 Timothée 1,12-17.  Luc15, 1-10)

Beaucoup connaissent bien l’évangile qu’on vient d’entendre avec les commentaires qu’on ne manque pas de faire dessus… Cette semaine, je me suis retrouvé avec trois groupes différents pour réfléchir à partir de ce texte. Jésus interpelle les scribes et les pharisiens en les prenant à témoin : « Si l’un de vous a cent brebis et qu’il en perd une, n’abandonne-t-il pas les 99 autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ? Quand il l’a retrouvée, il la prend sur ses épaules et tout joyeux fait la fête avec ses amis ! » Cette manière d’agir semble évidente pour Jésus, mais pour nous pas tant que ça : Partir à la recherche de la brebis qui s’est perdue, c’est prendre le risque de perdre toutes les autres en se dispersant. Il vaut mieux garder ensemble les 99 autres, ça fait une moins grosse perte et puis souvent  il arrive que l’égarée retrouve le troupeau réuni toute seule. C’est la plus élémentaire prudence. En plus, cette brebis « fofolle » qui s’est sauvée, et qu’après bien des efforts, le berger a retrouvé… Tout berger normal ne peut que lui dire : « Tu as fait des kilomètres en plus en faisant n’importe quoi… Eh bien, tu vas marcher avec moi, tu vas faire le chemin inverse,  ça t’apprendra à faire des bêtises… » Ce n’est pas du tout ce qu’il fait, il la charge tout joyeux sur ses épaules et fait la fête avec ses amis… Tout cela pour répondre à Jésus que contrairement à ce qu’il dit, on ne réagirait pas du tout comme lui. Nous, on préserverait les 99 brebis qui se tiennent bien, on ferait l’éducation de l’égarée pour qu’elle ne fasse plus de bêtises en la faisant revenir à pied et on ne ferait surtout pas la fête pour ça.

Alors comment trouver une réponse dans cette parabole de Jésus ? Regardons bien, si on trouve Jésus injuste dans sa réaction, c’est que l’on se considère spontanément comme l’une des 99 brebis qui agissent bien, qui restent fidèles…Mais si l’on se considérait comme la brebis égarée… Alors, ça change tout…Et  quel bonheur : Le berger vient me chercher, il prend le risque de perdre les autres rien que pour moi, je suis sa préférée. En plus il n’y a aucune punition, il me charge sur ses épaules parce qu’il pense que je suis fatiguée… Mais il m’aime trop. Et donc il n’y a qu’un seul moyen de comprendre et de se réjouir de cette parabole, c’est de passer du stade brebis, aux bonnes réactions, irréprochable au stade brebis « perdue ». En acceptant de se reconnaître brebis perdue, nous pouvons expérimenter l’amour fou de Jésus pour nous. Et il n’y a que cela à faire, c’est simple, mais qu’est-ce que c’est difficile à vivre.

Et c’est ce que saint Paul dit de lui dans sa lettre à Timothée, texte extraordinaire, dont je vais extraire quelques phrases qui se comprennent parfaitement : « Voilà une parole digne de foi, et qui mérite d’être accueillie sans réserve : le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs, et moi, je suis le premier des pécheurs…. J’ai été blasphémateur, persécuteur, violent…Mais s’il m’a été fait miséricorde, c’est afin qu’en moi, le premier, le Christ Jésus montre toute sa patience, tout son amour pour donner un exemple… » L’exemple de Paul, ce n’est pas qu’il soit vertueux, parfait, meilleur que les autres, mais c’est qu’à travers son expérience, la reconnaissance de sa faiblesse, on découvre l’amour gratuit de Jésus. Le voilà le vrai, le seul chemin de conversion : Se reconnaître pécheur, pas meilleur que les autres pour ressentir la force de l’amour de Dieu.

Un petit fait de rien du tout (en sachant que ça n’existe pas les petits faits de rien du tout…) Mardi dernier en arrivant à la salle de la mairie de Fresnes pour le partage des textes de la messe du dimanche suivant, je vois à la porte de la salle de permanence une lettre officielle de la mairie affichée, accompagnée d’une petite affiche sur laquelle était demandée de fermer la porte des WC qui se trouve en face de la salle de permanence (elle avait été mise par quelqu’un de notre groupe.) Cette lettre officielle nous rappelait ( je résume) que des personnes extérieures à la commune n’avait pas le droit de mettre des affiches sans autorisations avec un rappel des lois de la république. Tout de suite, j’ai ruminé : J’ai trouvé cavalier de mettre une lettre officielle pour un truc de rien du tout. Il suffisait d’en parler entre nous, on se connaît bien, on se rencontre souvent, on se parle, il y a une certaine estime. Donc j’ai été un peu déçu et tout de suite bien décidé de faire toucher du doigt qu’avec des réactions comme ça, on peut créer des conflits pour rien. Rien  ne vaut la rencontre directe entre les personnes. Je voulais quelque part faire la leçon… Mais toutes les personnes avec qui je me suis retrouvé et à qui j’en ai parlé n’ont pas du tout attaché l’importance que je donnais à cet évènement. Elles étaient plus sages, moins orgueilleuses que moi. Elles m’ont permis de quitter le groupe des 99 brebis à la bonne conduite pour la brebis égarée. L’amitié de Jésus expérimentée m’a permis de ne rien dire avec bonheur !

Daniel Bertèche