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Homélie du 13 juin 2019

HOMELIE   DU  23  JUIN      ( Luc 9,11b-17)

Pour bien comprendre ce récit de la multiplication des pains, il faut remonter juste avant dans ce texte d’évangile : Les douze  reviennent tout heureux de mission et racontent à Jésus ce qu’ils ont vécu. Jésus les emmène et se retire à l’écart, sans doute comme il a l’habitude de le faire pour se reposer et pour prier ; c’est-à-dire un peu pour faire le point… Et puis voilà que les foules le suivent, déjouant un peu tous ses plans et malgré tout, Jésus les accueille… Alors il enseigne et guérit : Il parle et il agit…. Il parle de l’amour de Dieu et il concrétise cet amour de Dieu…

La réaction des apôtres va d’ailleurs un peu dans le même sens : Les apôtres s’aperçoivent que le jour commence à baisser et,  prévoyants,  proposent à Jésus de  renvoyer les foules avant qu’il ne soit trop tard  pour qu’elles puissent manger et dormir dans les campagnes des environs…Cela fait preuve d’une belle attention pour tous ces gens. Alors Jésus les invite à leur donner eux-mêmes à manger ; ceux-ci avec beaucoup de bon sens continuent leur réflexion : « Nous n’avons pas plus  de cinq pains et deux poissons, c’est ridicule pour nourrir cinq mille hommes ! » Et  leur générosité leur fait poursuivre : « A moins d’aller nous-mêmes acheter de la nourriture pour tout ce peuple ! » Ce qui est bien sûr impossible !

Alors Jésus intervient pour organiser le pique-nique : C’est en groupe de cinquante (environ quand même !) qu’ ‘ils sont répartis, ils sont assis quand Jésus prend les cinq pains et les deux poissons, prononce les paroles qui ressemblent étrangement aux paroles de l’Eucharistie que nous fêtons plus particulièrement aujourd’hui puis les donnent aux disciples qui les distribuent à la foule. Ils mangèrent, furent tous rassasiés et il en resta douze paniers.

Qu’est-ce que tout cela veut dire ? Par rapport aux problèmes de notre monde d’aujourd’hui, toutes les injustices, les rejets, les personnes méprisées, la question de la faim même si présente dans tant de pays : Il y aurait bien besoin de multiplication des pains et des poissons ! Peut-être que comme les apôtres nous avons envie de  résoudre les problèmes en les renvoyant vers les organismes sensés résoudre ces questions ou avec beaucoup de générosité nous insurger en luttant par tous les moyens efficaces  contre les injustices ou bien nous nous démobilisons en constatant que cinq pains et deux poissons pour nourrir cinq mille hommes ce n’est pas réaliste, c’est impossible… Et Jésus nous dit : Et pourtant !

Le message d’aujourd’hui est celui-ci : La moindre attention, le plus petit geste d’amitié, une écoute qui veut mettre en valeur et qu’il faut répéter sans cesse, du temps donné et à première vue perdu…En un mot tout ce qui apparaît cinq pains et deux poissons, c’est-à-dire rien du tout, ridicule, par rapport à cinq mille personnes, par rapport à la transformation du monde, Jésus nous dit : « Contrairement à ce que vous pensez cela sauve le monde ! A une condition, c’est que je lève les yeux au ciel, que je prononce la bénédiction et rompe le pain avant que vous ne les distribuiez… » Mais cela veut dire quoi ? Cela veut dire que ça ne marche que quand nous nous sentons, nous sommes habités par l’amour, particulièrement par l’amour de Dieu… Que nous croyions qu’il est en nous et qu’il nous aime et qu’il aime l’humanité toute entière. Chaque eucharistie est là pour nous rappeler tout cet amour qui va jusqu’à se rompre qui nous permette de croire aux miracles et de faire des miracles.

Un des derniers « miracles » dont j’ai été témoin, ça a été dans un groupe du Secours Catholique formé de personnes en difficulté, qui au départ, dans ce groupe, faisaient surtout du bricolage. Et puis un jour, ils ont décidé de faire du théâtre, mais pas n’importe comment : d’écrire la pièce qui parlait de leur vie, de leur combat, de la mettre en scène et de la jouer. Bien sûr, ça a pris du temps, ils ont été aidés, accompagnés, soutenus par deux jeunes femmes. Le résultat est extraordinaire, le sujet était fait de rencontres autour d’un banc publique : Les personnes ont joué leur rôle avec une aisance incroyable, elles étaient dedans et devant leur succès bien mérité, elles retrouvaient toute une dignité, une certaine fierté, je ne les reconnaissais plus et ça a été pour moi un réel bonheur, de les voir ainsi heureuses elles-mêmes de ce qu’elles ont été capables de faire. Elles n’étaient pas un groupe de cinquante comme dans l’évangile, mais cette avancée, elles l’ont vécue ensemble et bien sûr, ça a toute son importance. Ce fait que je viens d’évoquer nous renvoie à notre vie, dans le secret de nos vies où des petits gestes, des petites attentions peuvent redonner le moral à certaines personnes qui elles aussi ayant retrouvé le moral  le transmettent aux autres, cet effet « boule de neige » nous permet de croire que dans  nos vies aussi, on peut nourrir des foules avec cinq pains et deux poissons, surtout si nous sommes habités par l’amour gratuit de Jésus pour nous et pour les autres, ce Jésus qui nous permet de tout bien vivre.

Daniel Bertèche