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Homélie du 8 juillet

  HOMELIE   DU  8   JUILLET       ( 2 Corinthiens 12, 7-10. Marc 6, 1-6)

A première lecture, cette attitude des habitants de Nazareth vis-à-vis de Jésus est étonnante : Ils refusent le message de Jésus et plus encore ils ne veulent pas reconnaître en lui le messie attendu. Il y a donc dès le départ une hostilité entre lui et les gens de son village. La raison de leur rejet ? Elle nous est donnée avec beaucoup d’insistance par l’évangéliste Marc (qui n’est habituellement pas quelqu’un qui entre dans les détails !) : « On le connaît : c’est le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon. Ses sœurs sont ici chez nous ! »
Et c’est cela qui va les fermer. C’est toute cette humanité de Jésus qu’ils connaissent, qui va les bloquer… On aurait cru le contraire… Mais pour eux, le Messie ne peut venir que d’ailleurs, que d’un ciel quelconque pas d’une terre, surtout pas d’un être fait de chair et de sang…

Mais quel bonheur au contraire que de reconnaître en Jésus quelqu’un bien de chez nous, avec le même ressenti, la même humanité qui peut donc beaucoup mieux nous comprendre ! Et qui nous transmet son message dans un langage humain fait, à travers les paraboles, d’exemples tirés de la vie de son village et d’ailleurs. Cette humanité reconnue de Jésus nous permet de relire nos vies en pouvant y voir la richesse de notre humanité !

Et Paul dans la deuxième lecture va encore beaucoup plus loin pour signaler l’importance de notre humanité : Il nous parle « d’une écharde dans la chair qui l’empêche de se surestimer… » C’est-à-dire de quelque chose dont il n’est pas fier… On ne sait pas ce que c’est (peut être son tempérament parfois excessif qu’on trouve dans certaines de ses lettres ?), en tous les cas c’est quelque chose de grave puisqu’il voudrait vraiment s’en débarrasser pour être meilleur ! Cela se comprend, nous aussi, on nous a appris à réagir comme cela… Et il nous avoue : « Par trois fois, j’ai prié le Seigneur de l’écarter de moi ! »  Et le Seigneur m’a répondu : « Ma grâce te suffit, c’est quand tu es faible que je suis fort ! » Je crois que nous sommes souvent comme Paul : Il y a des traits de caractères, des comportements, des actes passés de notre histoire que nous n’aimons pas en nous.

Nous aussi, nous voudrions changer, nous voudrions avoir une meilleure attitude ; cette volonté de changement est souvent valable, peut être que nous aussi dans nos prières, nous demandons à Jésus d’ôter cette écharde dans la chair qui nous empêche même d’être en fidélité avec Jésus.
Et Jésus nous répond : « Ma grâce te suffit. C’est quand tu es faible que je suis fort… » Et qu’est-ce que c’est vrai, la vie montre que c’est vrai !

Cette semaine, comme tous les trois mois, je me suis retrouvé avec un petit groupe de réflexion et nous avions choisi ce texte de Saint Paul pour réfléchir. Et pour expliquer comment je comprenais ce texte, j’avais pris l’exemple tout simple d’une personne de ce groupe qui n’arrive pas à arrêter de fumer, elle ne peut rester une heure sans fumer !
t je sais combien elle a essayé d’employer des moyens de tous ordres pour arrêter de fumer, sans doute, d’une manière ou d’une autre, elle a du demander au Seigneur de lui retirer cette terrible écharde dans la chair. (C’est un fait que j’ai déjà rappelé à maintes reprises, que beaucoup connaissent sans doute).  Et là, comme d’habitude,  j’ai dit combien je comprenais cette personne : J’ai arrêté de fumer en 1976 et aujourd’hui encore, tant d’années après, j’ai envie de fumer… Connaissant ma fragilité toujours bien présente, jamais je ne la condamnerai !
J’avais à peine fini de donner mon explication (fort brillante, bien sûr !) qu’une personne du groupe dit à cette personne dont je venais de parler : « Ah, aujourd’hui, il y a progrès, ça va faire une heure et demi que tu n’as été pas fumer ! » Cette personne qui ne fume pas, sans aucune méchanceté de sa part, n’a pas du tout senti combien elle blessait celle qui n’en finit pas d’essayer d’arrêter de fumer (Pour elle, elle manque de volonté un point c’est tout, ou d’autres arguments du même style, et elle voulait montrer tout simplement qu’il y avait ce jour-là du progrès…) Moi, j’ai bien senti combien elle pouvait avoir mal, elle a répondu par une boutade mais elle été touchée… Cette histoire de tabac n’a pas grande importance (encore que)…. Mais elle peut être reprise sur des registres plus graves…Plutôt que de prendre les moyens pour ôter ou occulter (peut-on les ôter réellement !) les échardes que nous avons dans notre propre chair, qui nous donnent le droit de juger et condamner, osons nous réjouir de ces échardes qui tout naturellement nous renvoient à notre humanité et donc nous empêchent de condamner les autres, c’est quand même bien cela notre but ! Car c’est le seul chemin qui nous mène au respect, à l’accueil, à l’amitié vraie. Et Paul a raison de conclure ce texte en disant : « Car, lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort. » Il parle d’expérience et ça lui donne toute sa force !

Daniel Bertèche