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Homélie du 10 mai 2020

HOMELIE   DU  10   MAI   (Jean 14, 1-12)

Cet évangile commence ainsi : En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé…. » C’est tout à fait d’actualité ; dans la situation qui est la nôtre aujourd’hui, nos cœurs sont aussi pas mal bouleversés, avec des tas de questions à l’appui. Nous nous trouvons avec des circonstances entraînant les mêmes « états d’âme », et donc il peut être éclairant de voir comment Jésus propose à ses disciples de relire ces évènements… Jésus vient de leur annoncer que sa mort est imminente : il y a de plus en plus de contestations et les chefs religieux et politiques sont en train de s’unir pour se débarrasser de lui. D’où leur « cœur plus que bouleversé » : Ils attendaient un messie, lié à l’image qu’ils se faisaient de Dieu : Un messie qui par sa puissance de fils de Dieu allait rétablir la justice, redonner une dignité aux personnes les plus pauvres et surtout, toujours avec cette toute-puissance de Dieu, allait permettre à Israël de retrouver la liberté, en mettant dehors l’occupant romain. Voilà ce qu’ils attendaient du Messie ! Et Jésus leur annonce sa mort alors qu’il n’a rien réalisé dans ce sens… Quel échec ! On comprend qu’ils n’aient pas le moral.

Alors ce qui est intéressant, c’est d’entendre ce que dit Jésus pour les rassurer, parce que cela va nous aider dans notre propre situation : « Il y a de nombreuses demeures dans la maison de mon Père…. Je pars vous préparer une place… je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi… » J’ai longtemps trouvé ces expressions de Jésus un peu enfantines, même un peu bébêtes ! Mais pour nous aider à redécouvrir le vrai visage de Jésus, comment et jusqu’où il nous aime, toute l’affection qu’il nous porte, cela clarifie les choses…Surtout quand nous doutons de nous, que nous avons le sentiment que notre vie ne vaut rien, que nous n’avons rien à dire de nos vies, parce que, soit disant il n’y a rien de bien dans ces vies. Alors réécoutons Jésus dire à chacun et chacune d’entre nous : « Je pars te préparer une place, je t’emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, tu sois toi aussi ! » Vous vous rendez-compte qu’à travers sa parole, Jésus nous dit que chacun de nous sans exception occupe la première place dans son cœur. C’est ça la grandeur de Dieu ! Lui seul est capable de donner à chacun la première place qui est unique (pas la première place ex aequo à partager !). C’est fort comme signe d’amour.

Cette réflexion de Jésus va nous aider à relire notre vie, grâce à son aide, autrement…Nous aussi, comme les disciples, avons du mal à relire cette pandémie autrement que comme une punition de Dieu ou même une leçon de Dieu qui en a assez de nous voir nous conduire mal et donc qui nous inflige ce fléau. Alors, on va dire plein de prières pour en quelque sorte atténuer la colère de Dieu., ou bien réparer un peu le mal fait par les autres en offrant des supplications à Dieu ou bien faire des neuvaines pour que sa toute puissance intervienne pour contrer cette maladie…Ce n’est pas du tout la réponse que nous fait Jésus : Sa seule réponse, c’est celle d’un amour formidable sur lequel, il n’y a pas à revenir. Mais une fois de plus, nous voyons (tout comme nous, bien souvent) la difficulté pour les disciples de comprendre que Jésus par sa parole et surtout par ses œuvres nous révèle Dieu et il y a tout un échange que Jésus termine en disant : «  Celui qui m’a vu a vu le Père…Je suis dans le Père et le Père est en moi ! » On ne peut pas être plus clair : Jésus nous dit qu’il est le mieux placé pour révéler Dieu parce qu’il est Dieu…

Alors la conséquence de toute cette réflexion, c’est la manière dont  Jésus nous invite à relire dans la Foi cette pandémie, quel message nous avons à y trouver à partir de la mort et de la résurrection de Jésus. La mort, nous la voyons bien, c’est toute cette difficulté, cette souffrance, et la résurrection c’est tout ce qui se vit dans le sens de l’amour de Dieu à travers cette pandémie et là, il y en a des choses à admirer…

Une personne m’a redonné sa réflexion sur la vie, à partir de cet Evangile :

« Dans mon jardin, je pensais à la phrase de Jésus dans l’évangile : « Qui m’a vu, a vu le père » C’est à dire, qui a vu celui qui a une manière d’aimer extraordinaire, celui qui nous raconte la brebis perdue, l’enfant prodigue, l’ouvrier de la dernière heure, celui qui par ses paroles, ses gestes a le désir de remettre l’homme debout, en  encourageant, donnant confiance (en même temps je pense à l’importance de la sérénité dans ce dé confinement, plutôt qu’affoler tout le monde). Je repensais à tout cela en lisant l’article du journal «  la Croix » samedi dernier sur ces enseignants, directeurs d’école, parents d’école ou bénévoles qui font tout pour garder le contact avec les enfants. Le rôle des enseignants est d’enseigner, mais là, ils sortent de leur rôle, ils font tout pour garder le contact, armés du téléphone (portable en surchauffe), donnant de leur temps   (parfois pour des appels angoissés la nuit de certains élèves, qu’ils font tout pour apaiser) de leur patience, de leurs moyens (envois de jeux de livres sur leurs deniers…) Eux dont le rôle est d’apprendre, de créer de nouveaux apprentissages ; dans certaines zones difficiles, ils se contentent de  dire à leurs élèves : « Lisez, écrivez, faites des gâteaux, rêvez  ». Car pour eux, l’important devient de ne pas perdre le lien, d’être à l’écoute des enfants, des parents parfois, toutes missions qui semblent dérisoires au regard de leur métier… « Jouez avec votre enfant dans un premier temps » invitation envoyée aux parents qui leur prend un temps fou devant l’ordi ou au téléphone…. Mais ils ne calent pas ! Moi je trouve  cela admirable. Toutes ces personnes me disent qui est Dieu, oui vraiment, l’homme est créé à l’image de Dieu., c’est vrai, certains accomplissent les mêmes œuvres que Jésus, et même parfois de plus grandes. Toutes ces personnes qui se battent aujourd’hui ont la « foi », elles ne subissent pas, elles se battent contre une situation difficile, elles croient que tout est possible, mais n’est-ce pas cela avoir la foi ?  »

Daniel Bertèche