Paroisses
Denier
Années de l'Appel

Homélie du 05 janvier 2020

HOMELIE   DU  5  JANVIER     (Ephésiens  3,2-3a. 5-6. Matthieu 2,1-12)

La vérité historique de cette « histoire » des mages a été depuis longtemps remise en question. Pour nous ce n’est pas un problème puisque ce que nous recherchons dans un texte d’évangile, je le répète assez souvent, c’est le message qui nous est transmis à travers un fait de vie raconté concrètement pour nous éclairer sur notre propre vie… Et le message nous le connaissons, saint Paul nous le rappelle dans la deuxième lecture en appelant cette découverte un mystère révélé : « Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps…dans le Christ Jésus… » Et c’est vrai que pour les Juifs, cette ouverture à toutes les nations, ça a été une révélation extraordinaire. A partir de là nous pouvons relire cette histoire des mages comme une belle parabole, comme un point d’appui qui va nous aider à regarder nos vies et celle des autres.

D’abord, ces mages, ce sont des étrangers (ils viennent d’Orient), des non-juifs et donc en principe ils ne sont pas concernés par la venue du messie réservée aux juifs, et alors très vite nous pourrions penser qu’ils n’ont rien à nous apprendre… Et pourtant ces païens étaient des chercheurs, on peut dire des chercheurs de sens, de sens dans leur vie. Ils sont à la recherche d’une bonne étoile qui va leur indiquer un chemin. Et voilà que l’ayant découverte, ils se mettent en  route en suivant cette étoile… Cette démarche de ces mages avec tous les aléas, n’est-ce pas la nôtre ?  Nous aussi, du moins je l’espère, nous cherchons un sens à notre vie, nous aussi nous  nous mettons en route, si possible pas tout seuls (comme les mages), en suivant cette étoile. Tant que nous voyons cette étoile (que nous voyons clair dans le sens donné à notre vie), tout est relativement facile. Et puis il y a des moments où nous ne voyons plus clair, cette étoile si sûre a disparu ! Alors nous cherchons, nous demandons  à d’autres personnes qui savent mais ne se mettent pas en route pour autant et en plus ne sont guère fréquentables et surtout sont  peu sures dans leurs intentions… Et ce sont ces gens-là, ces vauriens qui vont leur permettre de retrouver leur étoile, alors  « ils vont se réjouir d’une très grande joie… ». Arrivés près de l’endroit où était Jésus, ils ont dû être étonnés de l’habitation, ils ne s’attendaient pas à ça… N’oublions pas qu’ils ont demandé, en arrivant à Jérusalem, la capitale, ce n’est pas pour rien, où est le roi des Juifs ( le roi ne pouvait habiter que dans un palais et à Jérusalem !)  Il leur a fallu encore une conversion pour se dire que celui qui donne tout un sens à notre vie, c’est ce bébé, fils de pauvre, sans aucun pouvoir, ça ne fait pas très royal. Et malgré tout, ils se sont prosternés devant lui en offrant les cadeaux signifiant sa royauté (l’or), sa divinité (l’encens) et sa condition de mortel (la myrrhe). Ils ont rencontré le sauveur, mais ce n’est pas pour cela que la vie du monde a changé, Hérode est toujours sanguinaire et donc les mages ont pensé plus judicieux de ne pas retourner chez Hérode ! Mais eux, ils ont changé puisqu’ils ne se sont pas laissés avoir, endormir par Hérode, ils ont avant tout pensé à l’enfant qu’ils ont voulu protéger en ne donnant pas les informations du lieu de naissance de Jésus….

Est-ce que chacun ne peut pas transposer en reprenant l’histoire de sa propre vie ?

Aujourd’hui mon « mage » à moi, c’est la personne, un ami, dont j’ai parlé à la messe de la nuit de Noël. Atteint de la maladie de Charcot, il vient de décéder à l’âge de 63 ans  (ses obsèques ont lieu lundi). J’avais mentionné, à cette messe, un certain rejet de la Foi, de sa part, plus en opposition avec les personnes qui à ses yeux incarnaient les « cathos » comme il disait que par rapport au contenu de la Foi. Je m’attendais à ce qu’il demande un enterrement civil mais dans deux des dernières rencontres que nous avons vécues, il ne m’a pas demandé,  il m’a affirmé : « Tu feras bientôt mon enterrement ! » Je ne rappellerai pas l’attachement de ce témoin de Jéhovah à lui dans la manière qu’il a eue de le respecter ; alors que, le connaissant, il vomissait surement sa manière de faire. Mais peut-être que ce qui m’a le plus touché  en lui, ce ne sont pas avant tout ses engagements dans différentes associations municipales ou autres, qui étaient loin d’être inutiles (je me suis d’ailleurs retrouvé avec lui pour certaines) mais une lettre…. Je ne sais plus comment et à quelle occasion j’ai pu la lire… Une lettre qu’il a écrite à un gamin de sa classe de CM2, qui venait de perdre son papa qui s’était suicidé. Cette lettre, je ne l’ai jamais oubliée… C’était plein d’humanité, de délicatesse,  de refus de jugement, encore moins de condamnation…Mais à mes yeux ce qui était le plus fort et le plus touchant c’est que c’était dit, non pas avec nos mots à nous, adultes, mais à partir de l’esprit et de la compréhension que peut avoir un enfant à partir d’un tel évènement. Vraiment là, il m’a montré le chemin de la crèche à travers l’étoile qu’il a découverte et qu’il a suivie.

Daniel Bertèche