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Homélie du 1 avril 2018

     Jour de Pâques       (Jean  20, 1-9)

Nous savons que les textes qui nous parlent de l’évènement de Pâques sont très différents d’un évangile à l’autre, parce que chacun a un message différent à nous communiquer. Hier soir, Marc nous invitait à ne pas rechercher Jésus parmi les morts mais à nous rendre en Galilée, c’est-à-dire en pleine vie et que c’est dans la rencontre des personnes que nous pouvons découvrir des traits du Christ Ressuscité. Dans l’évangile de Jean que nous venons de lire se trouve l’insistance,  je dirais, sur la relecture : Comment à partir d’un même lieu, de  mêmes éléments, de mêmes constats, on peut interpréter les choses de différentes manières. Je m’explique…Quel est le constat que tous les personnages de cet évangile font : La pierre qui fermait le tombeau a été enlevée… Le tombeau est vide : Les linges qui enveloppaient le corps de Jésus sont posés à plat et le suaire qui enveloppait la tête de Jésus roulé à part, à sa place. Voilà la réalité du terrain… Avec cependant une précision importante, tout le monde n’a pas tout vu…. Marie Madeleine s’est arrêtée à la pierre enlevée… Jean ne voit d’abord que les linges posés à plat et c’est quand Pierre entre qu’ils voient tout. Et donc certains détails ont échappé à certains…
Devant cette réalité, comment réagissent-ils au premier abord ? Marie Madeleine en toute logique en conclue que Jésus a été enlevé et elle ne sait pas où il a été déposé… Pierre est perplexe ! Et Jean voit et…. croit que ce tombeau est le signe que Jésus est ressuscité.
Alors pourquoi Jean à partir de si peu de choses en conclue immédiatement que Jésus est vivant…(Je dis immédiatement car, aussitôt après ce texte, il y aura la rencontre de Marie Madeleine avec Jésus qu’elle prendra d’abord pour le jardinier et un peu plus tard la rencontre de Pierre avec Jésus et la triple question de Jésus, correspondant au triple reniement de Pierre : « Pierre m’aimes-tu ? » ) La réponse est dans le texte, quand Jean prend bien soin de nommer l’autre disciple : Celui que Jésus aimait. C’est le cœur qui fait croire au Christ ressuscité.
D’ailleurs en voyant tous ces personnages courir d’un endroit à l’autre, on ressent, pour reprendre l’évangile, que leur cœur était tout brûlant. Et c’est vrai que pour voir les signes de Jésus ressuscité dans notre vie, il est important d’avoir ce cœur tout brulant…

Cette semaine, j’ai rencontré un jeune couple que je vais marier, ils habitent Metz et le futur marié a très longtemps joué dans une équipe de foot non loin d’ici (mais pas dans le club local !). On a discuté ensemble de la situation du foot, comment c’est un sport dénigré par les gens biens, préférant les autres sports qui se tiennent mieux, plus dignes quelque part ! Nous évoquions ensemble les difficultés, les abus,  l’argent qui pourrit tout etc… Nous avons fait ensemble une analyse de la situation : A la différence des autres, le foot est un sport de  « prolétaires » (sans connotations péjoratives), de gens qui vivent au ras des pâquerettes, qui manque cruellement de vrais éducateurs,  qui ont des supporters souvent épouvantables et ça existe un peu à tous les niveaux. Nous étions tous les deux, bien d’accord sur le constat sur la situation, l’analyse du terrain était la même…
J’en étais très heureux : Nous regardions bien le même tombeau vide. Mais là où tout doucement nous nous sommes séparés, c’est que ce constat qu’il a fait, l’a amené, avec beaucoup d’amertume, à arrêter le football. Il en a eu marre de tout ce qui est déplorable et maintenant il court le marathon. Je ne le juge pas, il est jeune et quand on est joueur, c’est plus compliqué de vivre dans un certain climat dans lequel n ne sent pas bien…
Mais je ne vous apprends en vous disant que moi, je suis attaché à tous ces jeunes du Club local, qui me le rendent bien. Il y a vraiment des relations d’amitié avec bon nombre d’entre eux. J’en parle de temps en temps même dans mes homélies… Je ne rêve pas, j’irai sans doute les voir jouer demain après-midi, je risque une fois de plus d’entendre de la part de certains spectateurs des propos racistes ou pas respectueux de l’autre équipe.
Mais en même temps, je sais que je trouverai des signes de Jésus ressuscité. Comme lors du dernier match, où certains spectateurs avaient échauffé certains joueurs adverses avec des menaces de règlements de compte promis à la fin du match. A plusieurs, nous avons réussi à calmer le sang chaud des Portugais de Thionville (l’équipe adverse), en discutant gentiment avec eux, en disant qu’ils avaient une belle équipe (ce qui était vrai), ce qui fait qu’à la fin du match le joueur chaud bouillant qui avait promis un moment difficile à un supporter peu élégant, après avoir discuté avec nous, s’est déplacé vers lui (on craignait le pire) et a été lui serrer la main ! Je n’invente rien, il y a eu des témoins.
Au cœur de ce tombeau vide, il y a eu à travers ce geste quelque chose du visage du Christ ressuscité et c’était totalement inattendu.

Daniel Bertèche