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Années de l'Appel

« Le pauvre, sacrement du Christ »

 

L’année liturgique se termine par la fête du Christ-Roi de ce 22 novembre. Nous aurions dû célébrer ce jour la confirmation de quatre jeunes de la paroisse. Les mesures restrictives du confinement en ont décidé autrement. Mais le don de l’Esprit Saint n’est pas lié à nos calendriers. Il est de tout instant pour qui ouvre son cœur à sa venue en particulier par l’attention que nous porterons à nos frères. Le titre de roi donné à Jésus pourrait nous induire en erreur. Nous avons trop en mémoire l’image des rois au pouvoir personnel absolu et arbitraire, des monarques qui ont régné sur notre pays ou ailleurs. Mais, comme Jésus l’affirme dans son interrogatoire devant Pilate, « Ma royauté n’est pas de ce monde ». De fait, l’intronisation est plutôt surprenante ! Elle inaugure la passion. Jésus est coiffé non pas d’une couronne d’or et de pierres précieuses mais d’une couronne d’épines. Son sceptre, symbole de pouvoir, un roseau, son manteau, un vêtement de parodie. Les hommages, des crachats, des insultes et des coups. Et Pilate proclame cette royauté à la face du monde en clouant sur la croix, devenue le trône royal, l’écriteau indiquant le motif de la condamnation : « Jésus de Nazareth, roi des juifs ». Quel drôle de roi ? Jésus ne rejette pas ce titre mais il n’étend pas son règne par la puissance et la force. Il est ce roi-serviteur de ses sujets. Il se met à genoux devant eux pour leur laver les pieds au cours du dernier repas qu’il prend avec ses amis et leur édicte la loi suprême de son royaume : « Je vous donne un commandement nouveau, aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés… je ne suis pas venu pour être servi mais pour servir et donner ma vie pour la multitude ». Depuis que Dieu a décidé de devenir homme en Jésus, tout homme devient le chemin de la rencontre avec le Christ et par lui avec Dieu notre Père. Le scénario du jugement final de tous les peuples décrit dans l’Evangile de Mathieu (25) annonce le verdict sans appel : « tout ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens c’est à moi que vous l’avez fait ». Le critère du jugement, c’est l’attitude que chacun aura eu devant son semblable en particulier les plus démunis, les plus fragiles : l’affamé, le malade, le prisonnier, l’étranger…En servant les pauvres, on sert le Christ lui-même. Le pauvre devient sacrement du Christ c’est-à-dire moyen offert pour la rencontre réelle avec lui. Dans le contexte que nous vivons où nous sommes éloignés pour un temps de la communion eucharistique, il est bon de se rappeler ce chemin à la portée de tous pour alimenter notre foi. Ce qui compte, c’est de faire attention à l’autre, de le respecter, de le servir, en un mot de l’aimer de l’amour même dont Dieu nous aime. Tout ce qui n’est pas amour, n’est rien, celui qui le refuse se met hors de Dieu, hors de la lumière et tombe alors dans les ténèbres. Comment ne pas s’émerveiller en ce moment devant tant de dévouement, de courage, d’humanité déployée par les soignants pour maintenir le souffle des malades du Covid, et les multiples initiatives pour venir en aide aux plus précaires, c’est le Christ qui est servi par tous ces gestes. Le chemin le plus sûr pour aller à la rencontre du Christ et par lui à Dieu notre Père c’est le service du frère.