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Jésus, lumière du monde:

 

La guérison de l’aveugle de naissance au chapitre 9 de l’Evangile de Jean ouvre plusieurs portes de lecture d’une grande richesse catéchétique. Dans ce petit commentaire, je n’ouvrirai pas toutes les portes. Je m’attacherai surtout à la progression de l’aveugle guéri dans la connaissance de l’identité de Jésus. Tout au long du récit, il est confronté à ses voisins, à ses parents, aux pharisiens et gens du temple. Petit à petit, il en arrivera à l’acte de foi final : « Je crois Seigneur » et il se prosterna devant lui. Cette histoire est la nôtre, celle de tous les hommes appelés à s’ouvrir à la Parole (le Verbe) lumière du monde déjà présente en eux depuis la création. « Au commencement était le Verbe, le Verbe était Dieu, tout fut par lui …En lui était la vie et la vie était la lumière des hommes et la lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’on pas comprise (Prologue de St Jean). La rencontre de Jésus avec l’aveugle de naissance se fait à la sortie du temple de Jérusalem, haut lieu central de toute la religion de l’époque, mais dont les fervents les plus scrupuleux se ferment à la lumière de Jésus et restent dans leur aveuglement alors que l’aveugle de naissance, interdit de séjour dans cette enceinte à cause de son handicap va s’ouvrir à la lumière de la foi. Pour rendre la vue à cet aveugle, Jésus accomplit des gestes qui rappellent la première création quand Dieu pétrit la glaise pour façonner l’homme et lui insufflait son souffle de vie : Jésus fait de la boue avec de la salive et l’applique sur les yeux de l’aveugle, c’est comme une nouvelle création. Il l’envoie ensuite à la piscine de Siloé qui signifie « envoyé », nom symbolique car c’est l’envoyé de Dieu, Jésus qui lui rend la lumière. Cette guérison provoque les réactions des témoins : le doute chez les voisins. C’est lui ou c’est un autre ! Chez les pharisiens : certains s’enferment dans leur législation oppressive, incapables de se réjouir de la guérison, et accusent Jésus « Cet homme n’est pas de Dieu puisqu’il n’observe pas le sabbat ». Mais d’autres s’étonnent « un pécheur peut-il accomplir des signes pareils » ? Les parents ne veulent pas se prononcer par peur d’être expulsés des assemblées. Au bout du compte, c’est l’aveugle guéri qui va enseigner les gens du temple qui auraient dû être les premiers à s’émerveiller puisqu’ils connaissaient les Ecritures. Avec sa logique populaire, il met en évidence l’origine divine de celui qui l’a guéri : « Si lui n’était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire ». C’en est trop ! ce mendiant qui à leurs yeux n’est que péché, leur fait la leçon ! Ils le jettent dehors. La conclusion de ce récit nous ramène au prologue de St Jean : « le Verbe était la lumière qui illumine tout homme, il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas accueilli ». En rendant la vue à cet aveugle de naissance, Jésus libère la lumière déjà présente en lui comme en tout homme depuis la création, mais qui se trouve emprisonnée, obscurcie, presque éteinte par nos violences, nos haines, nos mensonges, nos indifférences et injustices…Les pharisiens sont la part sombre de nos vies qui refusent de venir à la lumière. Ils s’enferment dans des certitudes, des règlements même religieux qui justifient leur refus de conversion. Nous sommes les miroirs de la lumière de Dieu déposée en nous et non la source. S’approprier la lumière c’est devenir aveugle. Il s’agit seulement de l’accueillir et de la diffuser pour retrouver notre dignité de fils et fille de Dieu. La crise épidémique du Corona virus que nous traversons actuellement saura-t-elle nous ouvrir les yeux sur tant de vérités que nous avons occultées ? l’unité de la famille humaine, le respect de la création, le primat de la dignité de la personne sur l’argument économique, la destination universelle des ressources de la terre…Ne sommes-nous pas souvent des aveugles qui avons besoin de guérison ?

Jean