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Homélie du 21 mai 2020

HOMELIE   DU    21   MAI         Fête de l’Ascension              Matthieu  28,16-20

Cette fête de l’Ascension est là pour nous rappeler le départ de Jésus de notre monde, cette absence, à première vue, des réalités du monde. Ainsi dans le livre des Actes des Apôtres, Luc nous raconte comment les Apôtres ont vu Jésus s’élever au ciel et «  une nuée vint le soustraire à leurs yeux. » C’est sur cette absence de Jésus qu’il insiste…  Matthieu au contraire termine son évangile par ces paroles de Jésus : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » Et donc, pour lui, Jésus a un autre mode de présence mais il est toujours avec nous. Dans cet évangile, Matthieu va nous dire comment cette présence de Jésus se manifeste et d’abord où nous devons le chercher pour pouvoir le trouver. D’abord l’endroit où ils vont se rendre pour leur apparaître, c’est en Galilée, pas à Jérusalem, pourtant la ville sainte, par excellence, ni au Temple de Jérusalem, pour les juifs, signe de la présence de Dieu, rappelons-nous le saint des saints dans ce temple… Non, c’est en pleine vie que Jésus leur donne rendez-vous, et là aussi,  il leur apparaît dans un endroit symbolique : En Galilée, une région pas très cotée par les juifs, surnommée le carrefour des païens ce qui n’est pas un compliment pour eux qui se disent le peuple élu et la race choisie au détriments des païens ; rappelons-nous Capharnaüm ( cette ville malfamée)… Et bien c’est là, et donc en plein dans les réalités humaines, les meilleures comme les pires qu’il leur apparaît. En fait pour Jésus ce carrefour des nations résume tout à fait son message : « Allez dire aux nations, à toutes les nations sans exception, que si elles veulent, elles vont être plongées dans l’amour du Dieu Père, Fils et Saint Esprit… » C’est tout le sens du mot « baptême », c’est plonger, intégrer, être partie prenante d’un Dieu qui est relation d’amour au cœur même de son existence. C’est la mission des apôtres, c’est aussi notre rôle à nous tous chrétiens : Annoncer, mais surtout révéler par toute notre manière de vivre, notre comportement, cet amour d’un Dieu, Père, Fils et Esprit…Comme nous, peut-être, certains ont des doutes sur eux, leurs capacités, assommés par les responsabilités du message à délivrer que leur confie Jésus…

C’est que cette mission confiée aux apôtres s’apparente bien à une folie. Mais ils ne sont pas seuls, ne l’oublions jamais : dans la mesure où notre engagement n’est pas le nôtre, mais celui de Jésus, nous n’avons pas de raison de nous inquiéter des résultats : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc ! » En d’autres termes, c’est nous qui allons, mais c’est lui qui a tout pouvoir…

On raconte que peu de jours après son élection, un ami de Jean XXIII lui dit : « Comme la charge doit être lourde ! » et Jean XXIII répond : « C’est vrai, le soir, quand je me couche, je pense Angelo, tu es le Pape, et j’ai bien du mal à m’endormir ; mais au bout de quelques minutes je me dis Angelo, que tu es bêtes, le responsable de l’Eglise, ce n’est pas toi, c’est le Saint Esprit… Alors je me tourne de l’autre côté et je m’endors ! »  Nous aussi, semble-t-il, nous pouvons dormir sur nos deux oreilles : l’Evangélisation doit être notre travail, mais pas notre angoisse ! Jésus a bien précisé : «  Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. »

J’avoue que ce temps de pandémie où ce qui faisait le quotidien de ma vie : Messes, baptêmes, mariages, enterrements, catéchismes, réunions de réflexion à partir de l’évangile, un peu à tous les niveaux et dans différentes instances…. Tout cela s’est arrêté tout d’un coup par la force des choses et cela m’a fait réfléchir. Ma vie était pleine de tas d’activités qui m’apparaissaient (et m’apparaissent encore, tout n’est quand même pas à jeter !) indispensables… Mais cet arrêt brutal de toutes mes activités m’ont permis de prendre du recul, de regarder, d’écouter, d’admirer tout ce qui se vivait de beau, de riche chez mes voisins : J’ai pu discuter avec eux régulièrement (à distance réglementaire !), avec leurs enfants, étudiants revenus chez les parents réviser pour leurs examens. J’ai eu de nombreuses communications téléphoniques, surtout très longues (on savait que j’avais le temps !) où de beaux partages ont pu avoir lieu. Certaines personnes téléphonaient régulièrement et partageaient la vie de leurs enfants, ce qu’ils découvraient de super dans leurs réflexions, leurs manières de vivre (même si ce n’apparaissait pas directement lié à la Foi) et savaient s’en réjouir…. Une autre personne, accompagnant les services de santé pour une voisine, personne âgée et handicapée que l’immobilité rendait acariâtre, m’expliquait combien elle admirait la patience, la douceur et la gentillesse de certaines personnes du personnel de santé qui s’occupait d’elle … Elle-même, lui rendait visite et service, parfois à reculons, craignant d’entendre les critiques injustes formulées par elle sur ce personnel soignant… Mais au bout d’un certain temps elle notait avec beaucoup de bonheur combien le temps, mais surtout ces personnes à force d’attention ont permis à cette personne de changer, de savoir reconnaître la gentillesse de toutes ces personnes et d’être un peu plus sympathique et reconnaissante avec elles.

En même temps que cette reconnaissance et cette admiration de tout ce qui se vit de beau autour de moi, dans lequel je reconnais le visage de Jésus, celui-ci, comme à ses disciples m’invite à aller, à me mettre en mouvement pour être au milieu des personnes rencontrées signe d’un Dieu amour ! Et même si la tâche  nous apparaît trop ardue et que à juste raison nous nous sentons bien incapables, rappelons-nous toujours (et tous les mots ont leur importance)  que Jésus est avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde…

Daniel Bertèche