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Homélie du 11 Août 2019

HOMELIE   DU  11  AOUT    (Hébreux 11,1-2,8-19. Luc 12,35-40)

Cette phrase de l’évangile : « C’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra…. » a beaucoup été utilisée autrefois (en tous les cas, je l’ai beaucoup entendue) dans le sens : Soyez toujours prêts, soyez en état de grâce car vous pouvez mourir à tout moment, surtout au moment où vous vous y attendez  le moins… Je le traduisais, Dieu cherche à te coincer puisque c’est quand tu n’y penses pas que ça va arriver. Ce n’est quand même pas sympathique de sa part…Ce Dieu, je n’avais guère envie de l’aimer, il nous fichait la trouille un point c’est tout ! Ce n’est pas du tout le sens de ce texte et heureusement…

Il s’agit bien de la venue de Jésus mais pas à la fin de notre vie, à tout moment de la vie. Nous croyons que Jésus est bien présent dans nos vies et qu’il nous parle dans les évènements, dans les personnes, qu’il nous délivre un message, qu’il nous révèle à travers des personnes sa manière de nous aimer. Et l’évangile d’aujourd’hui comme la deuxième lecture sont là pour nous aider à relire nos vies pour y trouver des signes de la présence de Jésus qui nous délivre un message et surtout qui nous indique, l’importance et la force de l’amour : Et d’abord pour reprendre l’expression de tout à l’heure si importante : Jésus vient à notre rencontre, sans jamais s’imposer, à des moments et surtout chez des personnes qui nous apparaissent si loin de lui et dont naturellement nous n’attendons rien. D’où l’importance de veiller : l’expérience nous montre que c’est vrai : C’est à des moments inattendus, des situations qui nous apparaissent loin de Jésus, chez des personnes éloignées de la Foi que Jésus nous parle, que son amour se révèle. Mais pour le voir, il faut être en tenue de service. Si nous savons mieux que les autres, si nous dominons, si nous voulons apprendre aux autres, nous ne verrons rien, puisque l’autre n’existe pas, il n’existe que nous ! Etre en tenue de service, c’est être à l’écoute, c’est ainsi pouvoir découvrir les richesses bien présentes au cœur de chacun et surtout (c’est Jésus qui nous le dit) chez ceux qui par principe sont censés ne rien nous apporter ! En ce moment, j’ai beaucoup de baptêmes à faire et donc  des préparations à faire. Je vais toujours rencontrer les familles chez elles (c’est plus facile pour la garde du futur baptisé. ) Cela fait plusieurs fois que je ne rencontre que la maman de l’enfant, le papa est absent, alors qu’on a pris rendez-vous pour que les deux soient présents ! Immédiatement, dans ma tête, je me dis qu’il n’y a que les mamans qui se sentent concernées, les hommes s’en foutent …  Je n’ai pas fait d’esclandre mais j’en ai pris mon parti. Et puis voilà qu’à la fin d’un de ces baptême, c’est le papa qui était absent qui vient m’inviter à manger avec eux. Je ne pouvais pas y aller… Une autre fois, de la même manière, j’ai été invité mais là plusieurs jours avant. Je ne pouvais toujours pas, alors ils m’ont dit : « On vous invitera tout seul, comme cela on pourra vous parler de notre vie, puisque vous vous intéressez à notre vie, pourtant normale ! » Je peux dire que je ne m’attendais pas du tout à cela, Jésus a raison, c’est quand on s’y attend le moins que cela arrive, mais pour cela, il faut être en tenue de service (le fait que je ne me faisais aucune illusion, sans être blasé, a peut être aidé !)

Je voudrais quand même dire un mot sur la personne d’Abraham que l’auteur de la lettre aux Hébreux définit comme le père des croyants : Etre croyant, c’est faire confiance, c’est croire jusque l’incroyable : Sara, la femme d’Abraham était trop âgée pour avoir des enfants, elle en a eu un, alors qu’elle n’y croyait plus du tout, elle s’est même moquée de l’envoyé de Dieu qui lui annonçait la naissance d’un enfant.  Abraham a cru bon, comme cela se faisait à l’époque d’offrir ce même fils (objet de la promesse) en sacrifice, par cet évènement, grâce à sa confiance aveugle, il a découvert que Dieu refusait les sacrifices humains. Abraham part vers un pays qui devait devenir son pays, il ne savait pas où il allait. Aimer Dieu, mais aussi aimer l’autre, c’est cela, c’est faire confiance. Et faire confiance, je l’ai vécu encore pour un baptême d’un couple qui ne réside pas dans un de nos villages mais le papa a voulu le faire dans le village de ses parents. Je connais ce jeune depuis l‘âge de 5 ans, pas pour le caté, il n’y est jamais allé, mais par le foot, je l’ai eu en débutants et je ne l’ai jamais perdu de vue. On n’a pas pu se rencontrer avant le baptême, il habite assez loin, mais je lui ai fait confiance : C’est aujourd’hui un excellent joueur de foot qui aurait pu jouer à un niveau nettement supérieur au club local. Il est resté pour les copains mais en même temps il comprend très bien qu’un autre joueur de son équipe soit parti jouer dans une autre équipe deux divisions au-dessus. Le Club local qui a quelques difficultés de personnes, il le regarde de manière beaucoup plus positive que moi. Il m’a en quelque sorte  donné une leçon d’humanité qui n’était pas loin de l’Evangile. Je partais un peu dans  l’inconnu je ne regrette vraiment  pas de lui avoir fait confiance…Il m’a aidé à vivre !

Daniel Bertèche