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Homélie du 7 juillet 2019

HOMELIE   DU  7 JUILLET     ( Luc 10,1-12.17-20)

Cet évangile de l’envoi en mission, j’ai eu la chance de le réfléchir cette semaine avec trois groupes différents : Le bureau du Secours Catholique Meuse Moselle, la petite équipe paroissiale qui se retrouve tous les mardis soirs pour réfléchir à partir des textes du dimanche suivant et les animateurs, animatrices du Secours Catholique Meuse Moselle. Un certain nombre de mots, de situations ont fait tilt chez chacun, souvent suivant sa situation, ses responsabilités. La première constatation : C’est que ce ne sont pas seulement les 12 apôtres qui sont envoyés en mission, mais il s’agit de 72 (12×6) donc c’est nous tous (comme des membres des 12 tribut d’Israël)  que Jésus envoie.

Bien sûr, ce qui frappe le plus, et c’est le cœur du message : C’est que Jésus les envoie les mains nues, « comme des agneaux au milieu des loups »… sans aucun pouvoir de persuasion ou autre, il insiste beaucoup pour supprimer tout moyen de pression sur les personnes rencontrées. Chacun est libre, libre d’accueillir, libre de rejeter. On va chez ceux qui nous accueillent et on prend le temps de rester avec eux. Ceux qui rejettent, on ne leur prend rien, même la poussière des sandales on leur rend ! Et surtout  ce Règne de Dieu, Règne d’amour,  n’arrive pas avec autorité : deux fois, Jésus répète : « Dites-leur : le règne de Dieu s’est approché…. »   S’est approché, quelle délicatesse dans l’expression. Pour Jésus, il n’y a pas d’un côté Dieu tout puissant, avec son côté dominateur… La Puissance de Dieu, elle est uniquement dans l’amour… Sinon la Toute-puissance (la force) et l’Amour sont contradictoires, voire opposés dans la vie, d’où l’insistance pour Jésus de conseiller la faiblesse aux « missionnaires »

Mais justement quelle est leur mission aux 72 : Convertir, enseigner, corriger, remettre sur le droit chemin, imposer même ? Qu’on pourrait traduire en langage agricole : Labourer, semer, nettoyer pour enlever la mauvaise herbe, arroser, entretenir pour aider à croître… Ce n’est aucun de ses termes qu’emploie Jésus… Pour dire qu’il n’y en a pas beaucoup qui ont envie de faire ce travail ! Et ce travail : C’est moissonner ! C’est récolter ce qu’on n’a pas semé. C’est admirer, contempler la richesse de la moisson qui ne dépend pas de nous. Et c’est sans doute pour cela qu’on a du mal de se cantonner à récolter ; on n’a aucun mérite, cela n’entraîne de la part de l’autre aucune admiration. Et pourtant savoir moissonner, récolter, admirer… quel bonheur pour tous, quand on est moissonneurs.

Mais pour le croire vraiment, surtout quand on a des responsabilités dans l’Eglise ou ailleurs, quand on voit tout le travail à faire pour donner du bonheur autour de nous, quand on constate tout ce qu’il nous faudrait faire pour permettre aux personnes de retrouver la dignité… On a un sentiment d’impuissance, qu’on n’en fait jamais assez. Relisons cet évangile : « Jésus envoie les disciples en avant de lui…là où lui-même devait se rendre… » Nous ne sommes pas Jésus Christ, nous ne sommes pas les sauveurs du monde, nous ne sommes pas indispensables pour révéler le Royaume de Dieu, nous ouvrons la route comme les motards de la gendarmerie pour les coureurs du tour de France (c’est d’actualité !). Les gens viennent voir les coureurs pas les motards ! Mais notre rôle n’est pas insignifiant, mais quand nous ne sommes pas là pour ouvrir la route, d’autres le font à notre place, peut être souvent mieux !

Comme fait de vie, je vais reprendre ce qu’une personne va exprimer demain en guise d’intention de prière universelle demain pour la confirmation et l’installation de l’Equipe d’Animation Pastorale de notre Paroisse :

« Le Royaume de Dieu s’est approché, ouvrons-Lui notre porte ! En distribuant le bulletin paroissial une de mes voisines s’est approchée et, gentiment, m’a dit : « Ce n’est pas la peine de me le donner. Nous n’avons pas la même religion ! » J’aurais pu secouer chez elle la poussière de mes chaussures, et continuer ma distribution ; mais nous avons amorcé une discussion sur ce sujet : vivre sa foi de manière différente. Elle m’a alors proposé de rentrer boire un café, et nous avons continué notre échange. Nous avons ainsi découvert, avec plaisir, que nous avions de nombreux points communs. Esprit d’humilité, dépouille-nous de toutes nos bourses, de tous nos sacs, de toutes nos sandales pour que, dans toutes nos rencontres, nous devenions des ouvriers capables de moissonner tous les germes de ta Parole. »

En conclusion, je traduis la dernière phrase de Jésus : « Ne vous réjouissez pas de ce que vous êtes capables de faire de grandes choses, réjouissez-vous de savoir que vous êtes aimés de Dieu gratuitement. Là, est le vrai bonheur, qui nous permet de tout bien vivre, le reste est éphémère et très subjectif !

Daniel Bertèche