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Homélie du 9 juin 2019

HOMELIE   DU  8  JUIN      ( Actes des Apôtres 2,1-11)

Ce texte des Actes des Apôtres de Luc nous raconte les effets de l’action de l’Esprit Saint et surtout à quels signes nous pouvons, aujourd’hui encore, reconnaître son action. Cela se résume en quelques mots qui ont beaucoup d’importance : Le premier point c’est que cet Esprit Saint se manifeste, se révèle dans la réalité, dans le langage et même dans le patois des personnes rencontrées. Et c’est cela qui va étonner, chacun l’entend dans son propre dialecte. Il rejoint toute personne au plus profond, au plus particuliers, au plus original de ce qu’elle est. C’est quand même souvent notre difficulté dans nos rencontres de l’autre, c’est de la comprendre de l’intérieur. Et c’est toujours à creuser et c’est toujours à refaire. Combien de fois surtout des personnes les plus simples, par exemple au Secours Catholique, relèvent l’importance de cette situation : «  Il nous comprend, lui ; il sait ce que cela veut dire notre situation, c’est pour cela qu’il ne nous juge pas ! Et cela nous fait du bien, on sent qu’à cause de son  expérience un peu commune, il parle notre langue… »  Cette attitude en pleine vie n’est pas courante : Bien souvent et plus facilement nous avons ce désir d’embarquer les personnes dans notre propre dialecte, dans notre manière de penser le bien, nous nous donnons même le droit de leur faire la morale.

Et c’est là que le deuxième point arrive dans la foulée, il nous est révélé dans le final de cette lecture : « Tous, nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu. ». Ces derniers mots sont souvent oubliés : Ce que l’Esprit nous révèle, ce sont des merveilles et des merveilles de Dieu. Cela change tout notre regard de la vie, de la nôtre, de celle des autres. En tous les cas cela remet drôlement en cause…L’Esprit Saint nous révèle des merveilles, si nous ne les voyons pas, ce n’est pas qu’elles n’existent pas mais c’est que nous ne laissons pas de place à ce regard de l’Esprit. Nous ne vivons pas assez avec cet à priori de chercher dans nos vies, celle des autres les merveilles de Dieu toujours présentes.

Je l’ai vécu à travers (comme d’habitude) un fait tout simple (mais qu’est-ce qu’il m’a parlé !) Hier, je me suis retrouvé avec deux catéchistes pour une journée « mini-retraite » avec des jeunes qui vont vivre la fête de la Foi, le jour de la Pentecôte. Pour la première fois, on s’est retrouvé dans un des villages du canton avec neuf jeunes. Nous essayons de mettre sur pied toute une réflexion (sur le bonheur) mais aussi et surtout nous essayons de vivre une belle ambiance avec un assez long temps prévu pour le jeu, vivre ce que nous disons nous paraît de la plus haute importance. Comme je ne connaissais pas les possibilités du village, j’avais juste repéré un endroit (tout près de l’endroit où on était) où avec beaucoup de difficultés on pouvait jouer au foot sur une bande d’herbe assez longue mais très peu large et cela m’inquiétait de faire jouer sur une surface aussi peu pratique une dizaine de jeunes. Ils risquaient très vite d’être découragés et d’être oisifs. J’en étais là dans mes états d’âme ne me permettant pas, loin de là, de découvrir là des « merveilles » C’était plutôt tout le contraire ! Quant au bout d’un petit temps prévu pour la pause, je ne vois plus aucun jeune là où nous étions. On avance dans le village et on les voit en train de jouer tous ensemble à la « gamelle » ils avaient investi de manière tout à fait pacifique  le village et jouaient tous ensemble avec beaucoup d’humour et d’amitié. C’était merveilleux de les voir jouer tous sans en laisser aucun de côté, tout naturellement avec chacun leur caractère, leur finesse, leur côté sécuritaire ou autre. C’était vraiment une merveille et un bonheur. Et ça m’a fait drôlement réfléchir : J’aurais insisté dans mon envie de leur communiquer le terrain de jeu que j’avais trouvé (et qui était nul), si j’avais pensé le bien à la place de ces jeunes, je serais resté tracassé un point c’est tout. En fait, c’est eux qui ont débloqué tout simplement la situation. Combien de fois, je m’embarque dans des décisions à prendre qui ne sont peut-être pas indispensables et je m’embarrasse la vie. Pour découvrir les merveilles de Dieu, il faut faire confiance à la vie, il fait faire confiance aux personnes et tout est changé. Mais pour croire que c’est vrai, il faut accepter de l’expérimenter ou bien faire en sorte que la vie elle-même, nous la propose et même parfois nous l’impose. C’est ce qui a été un peu mon cas hier. A travers ce petit fait, j’ai envie de tous vous inviter à prendre ce chemin qui nous permet de découvrir les merveilles de Dieu et de nous en réjouir. En n’oubliant pas les conditions qui nous ont été édictées dans l’Evangile mais aussi dans la vie.

Daniel Bertèche