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Homélie du 2 juin 2019

   HOMELIE   DU  2  JUIN      ( Jean 17,20-26)

Mardi soir, je   me retrouvais comme d’habitude avec le petit groupe qui se réunit chaque semaine pour réfléchir à partir des textes du dimanche suivant. Après avoir relu cet évangile de Jean, une des personnes intervient en disant : « Quand j’ai lu chez moi cet évangile, immédiatement je me suis dit : C’est encore un texte écrit par Saint Jean …  Il répète toujours les mots importants, le monde, qu’ils soient un, connaître et bien sûr la dernière phrase : Qu’ils aient en eux l’amour dont tu m’as aimé…Cela me paraissait des redites entendues tous ces dimanches, limite agaçant, avec envie de laisser tomber…  Mais après avoir relu et même plusieurs fois ce texte, je me suis d’abord rappelé que ce texte a été prononcé par Jésus quelques heures avant sa mort… Ce qui donne bien l’importance de ces mots prononcés à ce moment. De plus cet entretien avec ses amis qu’on a appelle le discours d’adieu se termine par cet évangile qu’on vient de lire et qui curieusement prend la forme d’une prière : Jésus prie devant ses amis ; quelque part, il les fait entrer dans son intimité. » Et la personne de continuer en disant combien pour elle, alors, cette prière paraissait couler de source : « En relisant ces lignes, j’ai été frappée de l’insistance de Jésus sur les mots amour et unité. Une fois de plus, il nous invite à reconnaître que l’histoire de Dieu avec les hommes est une grande aventure, une histoire d’amour. Dieu est Amour, il aime les hommes, et il envoie son Fils pour le leur dire de vive voix pour que le monde le connaisse ! Car cette méconnaissance de Dieu est importante aussi pour Jean mais on le sait bien, aussi pour nous aujourd’hui… » Et elle conclue : « On ne devrait jamais se lasser de réfléchir, de méditer et même de prier ces paroles…. »

Cette réflexion de cette personne (accompagnée des autres, ça a été une réflexion un peu collective) m’a permis de réfléchir, de relire un évènement que j’allais vivre deux jours après et qui à première vue n’a rien à voir avec le sujet ! Vendredi matin, je suis allé passer une matinée à l’hôpital pour des examens suite à mon enrouement persistant après mon pèlerinage en terre sainte. (Pour les curieux, mais vous avez le droit d’être curieux, quand on aime : j’ai une pneumopathie que je n’ai plus qu’à soigner ; rien à voir avec le cancer !) . Je me trouvais avec une autre personne que je connais bien à attendre mon tour près de la personne qui accueillait les patients. J’ai trouvé cette femme prodigieuse : Elle avait un petit mot pour toute personne qu’elle accueillait, que ce soit des patients occasionnels qu’elle conseillait mais avant tout qu’elle rassurait, mais surtout des patients plus habituels dont elle connaissait l’état de santé, mettant en avant tous les progrès, prenant son temps pour constater les progrès chez certains, que ce soit aussi le personnel soignant, parfois fatigué de la course permanente pour amener les patients passer les radios sur les lits, maniant aussi l’humour avec beaucoup de gentillesse… Je n’ai pas pu m’empêcher à un moment donné de dire à la personne à côté de moi tout mon bonheur de constater le comportement si rassurant, si attentif, si humain de cette femme… A mes yeux, une pure merveille, concluant : « Cela fait du bien de voir que le cœur fonctionne encore ! »  Cet homme me reprend, immédiatement, en disant : « Mais tu es naïf, toute cette posture, toute cette manière de réagir, ils l’apprennent à l’école, en fait, c’est totalement artificiel, c’est comme  une technique de « vente » ! » Cette dernière expression m’a achevé ! Je n’ai plus rien dit mais j’ai ruminé…

J’ai commencé par me dire : « Est-ce que je suis un grand naïf… Que tout est une question de technique commerciale… Que le cœur ne fonctionne plus ? » Je me refuse à en rester là, je fais le pari, je prends le risque de croire que le cœur fonctionne encore. Et c’est vrai, l’artificiel  a beau être ressemblant, il trompe difficilement… Et c’est important de le croire ! Et c’est là qu’on rejoint l’évangile d’aujourd’hui : le message, c’est annoncer que Dieu aime les hommes… Mais alors pourquoi ce message est si dérangeant que Jésus l’ait payé de sa vie ! Jésus aborde précisément  cette question dans les dernières phrases de l’évangile d’aujourd’hui, quand il dit : « Père juste, le monde ne t’a pas connu. » Pour lui, l’explication est là, c’est le drame de la méconnaissance ! Et c’est vrai pour nous aujourd’hui, je dirais que c’est plus la difficulté de la reconnaissance que celui de la méconnaissance, c’est vrai pour le regard sur Jésus mais c’est aussi vrai, c’est dans le même mouvement, pour notre regard sur les personnes et notre admiration que nous avons à maintenir pour toutes les personnes qui en faisant fonctionner sans artifices leur cœur changent le monde jusqu’à sauver ce monde en étant signe de l’amour de Jésus Christ…

Daniel Bertèche