Paroisses
Denier
Années de l'Appel

Homélie du 16 novembre 2018

    HOMELIE   DU  16  DECEMBRE     (Luc 3,10-18)

L’évangile d’aujourd’hui nous raconte en quelques mots le sens du « ministère » de Jean Baptiste… Les foules viennent le rencontrer pour se faire baptiser dans l’eau du Jourdain et ce qui est frappant, c’est que tous lui posent la même question : « Que devons-nous faire ? » Il y a d’abord une réponse qui s’adresse à tous : « Que celui qui a deux vêtements partage avec celui qui n’en a pas… Que celui qui a de quoi manger qu’il fasse de même… » Et puis il y a des personnes de deux groupes pas très fréquentables : les fameux publicains, ces percepteurs qui s’enrichissaient, presque de manière officielle, sur le dos des plus pauvres et les soldats, qui n’étaient bien sûr pas des romains (ceux-ci étaient païens et ne pouvaient donc qu’être imperméables à la parole de Jean), mais des mercenaires juifs à la solde de particuliers (souvent des publicains) puisque les juifs n’avaient pas le droit d’avoir une armée ; donc des personnes pas terribles non plus…

Et la réponse de Jean à ces deux catégories de « crapules » est étonnante : Aux publicains, il répond : « N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé » et aux soldats : « Ne faites violence à personne, n’accusez personne à tort ; et contentez-vous de votre solde. » J’aurais envie de conclure : « C’est tout ! » Cela ne me paraît pas terrible comme exigence, j’aurais envie de leur dire aux uns et aux autres : «  Votre profession de publicain est pourrie, votre métier de soldat ne vaut pas mieux : Changez de métier… » Au lieu de cela, Jean propose une réponse simple et accessible qui se mesure à notre attitude envers notre prochain. Elle ne fait d’ailleurs que reprendre la prédication des prophètes : pratiquer la justice, le partage, la non-violence…

Je crois qu’on a là quelque chose de fondamental : Jean Baptiste n’impose pas une école de la perfection, parfaitement inaccessible à tout humain, mais un chemin tout simple qui nous conduit vers l’autre. C’est cela le baptême de Jean, c’est un chemin qui nous mène vers un tout autre baptême : Celui de Jésus qui, dit Jean, baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. Rappelons-nous ce que veut dire cet Esprit Saint et ce feu ! L’Esprit Saint, c’est dans la trinité celui qui révèle, personnalise l’amour du Père et du Fils… Le baptême se vit dans le feu de l’amour de Dieu et non dans le feu de l’enfer, comme on l’a trop vu. Il nous emmène dans la découverte et surtout dans l’expérience de l’amour de Dieu pour nous. Cette expérience de cet amour de l’Esprit pour nous, nous envoie et nous permet surtout d’aimer nos frères dans le quotidien de nos vies. Et la comparaison du feu et cette phrase qui peut prêter à confusion : « Quant à la paille, il la brûlera dans un feu qui ne s’éteint pas » ne racontent pas une séparation des bons et des mauvais, ce feu, je le répète, n’est pas le feu de l’enfer qui serait le lot de certains ! Non, ce feu n’est pas un feu de destruction mais de purification : C’est à l’intérieur de chacun d’entre nous que s’opère cette purification « comme la pépite d’or est purifiée de ses scories pour être plus belle encore, ce feu nous débarrassera tous de ce qui, en chacun de nous, n’est pas conforme au royaume de justice et de paix instauré par le messie » (cf Marie Noëlle Thabut).

Toute cette démarche que nous venons de faire nous rappelle une fois de plus (mais serons-nous un jour convaincus et convertis ?) cet essentiel : Comme le propose Jean Baptiste, il est important de découvrir nos limites, nos imperfections bien humaines, pour ne pas compter que sur nos seuls forces humaines pour être soi-disant parfaits, et nous laisser ainsi saisir par cet amour de l’Esprit, ce feu qui ne peut qu’avoir des répercussions sur notre manière d’aimer l’autre en vérité.

J’avoue que ce qui a motivé toute ma réflexion d’aujourd’hui, c’est le témoignage que nous a  raconté une catéchiste à une de nos rencontres : Un gamin de huit ans, très remonté et abattu à la fois, arrive au caté en disant : « Mes parents veulent toujours plus… Pour eux, je ne travaille jamais assez bien. J’en ai marre, ils veulent que je sois parfait. » Puis il se met la tête entre ses mains : « La perfection, ça n’existe pas… De toutes façons, c’est nul d’être parfait… » Ce gamin, en quelques phrases, montre qu’il a quand même compris beaucoup de choses qui vont bien dans l’esprit de toute notre réflexion d’aujourd’hui. Etre chrétien,  ce n’est pas être parfait, ce n’est même pas chercher à être parfait,  ce n’est pas compter sur la force de nos biceps pour être meilleur… C’est dès le départ, faire ce pari de croire à ce feu de Dieu qu’est l’Amour de l’Esprit Saint, qui nous permet d’abord, qui nous donne le droit de nous reconnaître lucidement tels que nous sommes, pas terrible, terrible ! Mais sentir que ce type pas terrible, terrible, peut être emporté, purifié au feu de cet amour de l’Esprit, nous fait rejoindre, nous donne la possibilité de rejoindre en vérité cet autre pas terrible, terrible non plus. Pour moi, c’est le seul chemin qui permet véritablement d’aimer en toute vérité et surtout pas par devoir…

 

Daniel Bertèche