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Homélie du 18 novembre 2018

       HOMELIE   DU  18  NOVEMBRE     (Daniel 12,1-3. Marc 13,24-32)

Les derniers dimanches de l’année liturgique se terminent toujours par des textes écrits dans le style appelé apocalyptique. Il me paraît important de commencer par s’arrêter un peu sur ce terme d’apocalypse qui a très souvent été compris et surtout utilisé de travers : Encore aujourd’hui, certains se servent de ces textes un peu bizarres pour prédire l’avenir ; ce qui est totalement faux. C’est vrai que ces textes ont un style et des images qui ne nous sont pas familiers, de plus ils parlent souvent pour le futur. En fait, tous ils ont été écrits pendant une période de persécutions. C’est surtout vrai à l’époque du prophète Daniel période pendant laquelle a régné en Israël (vers 170 av. J.C.) un certain Antiochus Epiphane qui s’est livré à une effroyable persécution, interdisant entre autre la pratique de la religion juive. Pour les juifs, le choix était clair : il faut se soumettre ou bien rester fidèle à sa Foi, et dans ce cas affronter la torture et la mort. Il faut dire qu’en férocité Antiochus s’y connaît. Alors Daniel va adresser une parole de réconfort à tous ceux qui sont affrontés à l’horrible cas de conscience. Et ce message va être transmis dans un style et un langage codés compris d’eux seuls pour ne pas éveiller l’attention d’Antiochus,  en plus le futur sera employé, parfois le passé, jamais le présent pour la même raison : Quand Daniel dit : « Ce sera un temps de détresse comme il n’y en a jamais eu… » Il ne prédit rien, il évoque ce qu’ils sont en train de vivre à ce moment-là…  Ceci rappelé brièvement, quel est le message que délivre Daniel : Malgré les apparences, Dieu est tout proche de ceux qui sont dans la détresse. Et il explique avec ses mots à lui : Apparemment, sur terre, ce que vous voyez, ce que vous vivez, c’est l’échec, la mort des meilleurs, l’horreur…. La victoire de ceux qui sèment le mal et la terreur. Mais en finale, vous êtes les grands vainqueurs ! Le combat se déroule à la fois sur terre et au ciel : vous, vous ne voyez que ce qui se passe sur terre, mais au ciel, dites-vous bien, les armées célestes ont déjà gagné la victoire pour vous ! C’est une des caractéristiques du livre de Daniel : représenter l’histoire humaine comme un gigantesque combat : un combat dont on connaît déjà le vainqueur. Voilà le message de réconfort de Daniel pour les vivants. Mais il reste une question et de taille : tous ceux qui sont morts en fidélité à leur Foi, où elle est la victoire pour eux… Alors pour Daniel cela devient une évidence : Ils sont morts, c’est vrai, mais ils ressusciteront…. C’est Daniel qui le premier va faire avancer la « révélation » en admettant la nécessité du fait de la résurrection comme signe de l’attention et de l’amour de Dieu. C’est la vie, les évènements, en référence à cet amour gratuit de Dieu pour tout homme qui permet de mieux comprendre le message de l’Evangile.

Et d’ailleurs, il y a encore aujourd’hui une difficulté de compréhension : C’est la séparation des bons et des mauvais…. Comment ce Dieu, bien meilleur que nous au niveau de la bonté, peut permettre de punir définitivement les mauvais et récompenser les bons. Où est le pardon dans tout cela ?  On sait aujourd’hui que la résurrection est promise à toute chair car l’humanité n’est pas coupée en deux, entre les bons et les méchants. Personne n’est entièrement bon, personne n’est entièrement mauvais. C’est en chacun de nous que le tri s’opérera… Tout ce qui, en chacun d’entre nous, est de l’ordre de l’amour vient de Dieu et donc vivra éternellement… Cette réflexion est surement à poursuivre…

Mais je voudrais terminer, en cette  journée consacrée au regard des pauvres et du Secours Catholique, en évoquant une femme que Luc a enterrée cette semaine sur notre paroisse. Elle a eu beaucoup besoin de l’aide des équipes du Secours Catholique de la paroisse, sa maman participe encore activement à un groupe de Verdun du Secours Catholique. Cette femme courageuse, combien parmi nous l’avons vue aller à pieds, par tous les temps aux commissions soit à Vigneulles, soit à Fresnes selon ce qu’elle pouvait obtenir et payer. Elle restait des heures à discuter avec la personne qui tenait le commerce à Saint Maurice. J’avoue que j’admirais la patience de cette commerçante qui lui a donné beaucoup de bonheur. C’est vrai que quelque part, l’alcool a eu raison d’elle. Mais je n’oublierai jamais comment elle a accueilli chez elle, une des personnes les plus en difficulté de Saint Maurice et pratiquement jusqu’au bout. Il n’y avait qu’elle pour poser un tel acte. Honnêtement, je reconnais que je ne l’aurais pas fait : à cause de cela, elle a droit à notre admiration. En elle aussi, je dois reconnaître  que tout ce qui est de l’ordre de l’amour vient de Dieu et donc vivra éternellement. Avoir ce regard, qui est celui de Jésus, sur les personnes, un regard qui sait admirer, redonne espoir à ces personnes, leur permet de croire en elles et de trouver le bonheur…. C’est une œuvre de longue haleine, les « esprits contraires » sont tellement forts et violents pour humilier et rabaisser !

Daniel Bertèche