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Homélie du 12 août 2018

  HOMELIE   DU  12  AOUT       (1Rois 19,4-8. Ephésiens 4,30-5,2.  Jean 6,41-51)

La première lecture tirée d’un livre de l’Ancien Testament nous montre toute l’évolution du prophète Elie dans sa compréhension de qui est Dieu et donc de la reconnaissance de son action.  Elie vit à un moment où en Israël l’idolâtrie des voisins cananéens fait de nombreux adeptes en Israël à commencer par la reine Jézabel et donc Elie va penser que son devoir, en profitant de toutes les occasions, est de combattre les prêtres de Baal. Au cours d’une sécheresse, chacune des religions va ériger un autel pour offrir un sacrifice à son Dieu. Et le premier des autels qui prendra feu marquera le signe du seul vrai Dieu. Les prêtres de Baal invoquent leurs dieux toute la journée, il ne se passe rien. Ensuite Elie se met à prier le Dieu d’Israël… Le feu du ciel embrase tout le bûcher en un instant. Alors Elie profite de la liesse générale pour faire massacrer les 400 prêtres de Baal ! Bien sûr la reine Jézabel en colère, menace Elie de mort. Il n’a plus qu’à fuir…
Et c’est ici que commence le texte que nous venons de lire. Il fuit, il est fatigué, il est découragé. Il doute même de lui-même : « Je ne vaux pas mieux que mes pères… » Dit-il. Pourquoi ? Il a voulu révéler un Dieu terrible, en éliminant tous les opposants ; ne s’est-il pas trompé de combat ? Or, voilà qu’au moment même de sa fuite et de sa détresse, il va découvrir le visage d’un Dieu de compassion qui ne le condamne pas, qui ne va pas le laisser tomber, qui va vraiment prendre soin de lui.
Il va faire l’expérience dans sa vie, de ce Dieu qui n’est qu’amour, à travers sa marche jusqu‘à l’Horeb, la montagne où Dieu s’est révélé à Moïse. Et là-bas, on lui annonce que Dieu va passer… Alors il s’attend comme ses prédécesseurs à sa présence dans la puissance, le vent, l’orage et le tremblement de terre. Et il le découvre dans « le murmure d’une brise légère ! » Dieu, dans le murmure d’une brise légère !
Même nous, ce n’est pas la définition que nous donnerions de Dieu… Aujourd’hui encore, on n’a pas intégré ce visage de Dieu. C’est aussi à cause de cela, qu’à l’époque de Jésus, on va refuser de voir en lui le visage de Dieu qui vient du ciel, parce que comme c’est dit dans l’évangile d’aujourd’hui et souvent répété : « Cet homme, c’est le fils de Joseph, nous connaissons bien son père et sa mère… » On sait que ça a été la difficulté des contemporains de Jésus : « Croire que cet homme à travers ce qu’il a dit, à travers ce qu’il a fait nous révèle Dieu de la manière la plus parfaite qu’il soit… » Par-là, il nous invite et nous donne la possibilité d’agir comme lui. Et c’est pour cela que Paul dans la lettre aux Ephésiens conseille à la communauté chrétienne « d’être pleins de générosité et de tendresse….
Cherchez à imiter Dieu puisque vous êtes ses enfants bienaimés…
Vivez dans l’amour comme le Christ nous a aimés… »

Juste après avoir écrit cela (jeudi à midi), je suis allé manger à une douzaine de kilomètres de chez moi et j’ai été pris dans un orage de grêle, de vent violent (déracinant des mirabelliers), avec une visibilité presque nulle, il ne manquait que le tremblement de terre ! Pas une seconde je n’ai pensé que Dieu était dans cette tempête, mais bien plutôt dans l’accueil des personnes qui m’attendaient sous l’orage !
Je vais tout prochainement célébrer des mariages que je n’ai pas préparés, les fiancés pour beaucoup se trouvant en Région Parisienne et n’ayant pas beaucoup l’occasion de revenir, ont fait cette préparation là où ils habitent. Certains ont eu cinq rencontres plus un  weekend complet de préparation. Il faut vraiment avoir envie de se marier à l’église ! J’ai reçu les dossiers avec les déclarations d’intention des futurs… Ce qui me frappe (et me désole !) c’est que toute la réflexion est liée à la doctrine de l’Eglise avec l’obligation que dans cette déclaration personnelle se trouve présente l’intégralité des Lois de l’Eglise (liberté de consentement, indissolubilité du sacrement, fidélité, fécondité etc…) Jamais, il n’est question de l’amitié gratuite de Jésus pour ces personnes ni vraiment de la première place donnée à l’amour… Ce qui a fait écrire à l’une d’entre eux, avec une certaine justesse : « Je veux tâcher d’atteindre mes intentions (telles que décrites dans cette Déclaration d’intention) non comme des engagements (ce qui, pour moi est synonyme de contrainte, donc, contraire à la liberté), mais par mon amour… M’aimer aussi, c’est accepter l’amour de Jérémie…. »
Bon, la personne qui a écrit cela en contournant la « loi » est avocate ! Mais ce qui m’a plu c’est qu’à travers cette grille imposée, beaucoup ont su rester eux-mêmes et évoquer leurs sentiments personnels et leurs propres réflexions par rapport à ce qu’ils voulaient réellement vivre.
Et cela m’a permis de m’en réjouir et de partir de cette liberté qu’ils ont su garder pour rester vrai dans ce que je vais leur dire dans l’homélie de leur mariage. Par rapport à tout ce tapage, c’est vraiment le « murmure d’une brise légère » et qu’est-ce que ça fait du bien et qu’est-ce que c’est vraiment révélateur de cette présence aimante de Dieu.

Daniel Bertèche