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Homélie du 5 août 2018

     HOMELIE   DU  5 AOUT       (Exode 16,2-4.12-15. Jean 6, 24-35)

Hier une personne me racontait comment une de ses cousines lui avait exposé tous les soucis de santé importants qu’elle et son mari étaient en train de vivre…ce qui entrainait d’ailleurs dans le couple un certain nombre d’incompréhensions… Au bout d’un certain temps et avec une certaine lassitude, sachant que la personne à qui elle racontait ses difficultés était croyante, elle conclue la conversation par ces mots : « En tous les cas celui-là, là-haut, il ne nous aime pas beaucoup. » Décontenancée, cette personne croyante me dit : « Je me suis tue, je ne savais pas quoi répondre ! » En accord avec elle, j’ai pensé que toute l’amitié qu’elle a pu lui donner à travers son  écoute et son accueil trois soirs de suite était la meilleure réponse avant toute explication inaudible pour le moment.
Mais l’idée de Dieu qui transparaît à travers cette réflexion, rejoint bien la manière de penser des juifs au moment où ils se retrouvent dans le désert après la sortie d’Egypte… Là, nous entendons le peuple juif récriminer contre leurs chefs Moïse et Aaron regrettant le moment où, en Egypte, ils étaient assis près des marmites de viande, quand ils avaient à  manger du pain à satiété. Ils avouent pratiquement préférer la situation d’esclave, même si leur dignité se trouvait bafouée pour pouvoir bénéficier de ces marmites de viandes et de ce  pain à satiété.
Cette marche à travers le désert vers une terre promise, vers  la liberté, le pays où coule le lait et le miel, que pour le moment ils ne perçoivent pas, ces juifs vont la regarder tout naturellement comme une punition de Dieu ; alors que cela est voulu par Dieu comme un apprentissage, à travers le partage de la manne, à  la vie ensemble, attentifs à tous, à commencer par les plus dans le besoin. Eux, ils le relisent comme une malédiction, allant jusqu’à dire qu’il aurait mieux valu mourir de la main du Seigneur, au pays d’Egypte !

Cette idée fausse de Dieu, une fois de plus vue comme quelqu’un qui punit surtout qui ne nous aime pas vraiment, dont on n’arrive pas à se débarrasser les empêche de relire comme il faut leur marche vers la liberté et la dignité qui est une invitation à se retrouver davantage comme à l’image même de Dieu.
Et c’est à partir de là que nous pouvons comprendre le message que dit Jésus dans le final de l’évangile d’aujourd’hui : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif »
Il nous invite à regarder les choses à l’endroit : Trop souvent nous relisons la vie à la manière des juifs ou de cette cousine du début :
Il nous arrive de regarder nos vies et celle des autres en n’y voyant que des pépins, des souffrances, des difficultés, des épreuves, des malheurs de tous ordres et nous concluons : Dieu nous punit, Dieu n’est pas juste, Dieu n’est pas bon etc… Alors que Jésus nous invite, à la lumière de sa parole et de ses actes, à commencer toujours par croire qu’il n’est qu’amour et qu’amour gratuit. Et que toute notre vie, y compris dans le désert de nos vies,  ne doit être relue qu’avec cette Foi dans cet amour merveilleux de Jésus pour nous…
Et si on vit notre vie en venant à Jésus et en croyant en lui, c’est-à-dire en son amour gratuit, on n’aura plus jamais faim et on n’aura plus jamais soif et donc on  sera en capacité  d’aimer un peu (un tout petit peu !) à la manière de Jésus, la nourriture signifiée par la certitude de son amour pour nous.
J’en étais là dans ma réflexion quand une femme vient me voir prétextant une histoire de tapis et très vite elle enclenche sur une succession de drames humains dont elle se sent très proche et qui sont vraiment là. Face à cela, sa seule réponse du moment a été de dire à son mari : « Avec nos petits bobos, nos petits pépins, on n’a vraiment pas le droit de se plaindre… » Et de me raconter par le détail la maladie d’une jeune femme et le drame que cela engendre pour ses enfants et concluant toujours : « On n’a pas le droit de se plaindre… » Cette femme ne dit pas Dieu, comme quelqu’un d’injuste, elle ne le voit pas où il n’est pas (ce n’est pas lui qui fait ni la mort, ni la souffrance).
Justement au lieu d’avoir quelque ressentiment à dire contre Dieu, elle a foi en ce Jésus qui aime et c’est tout, elle peut aller plus loin et se trouve renvoyée à elle-même, l’âge et les séquelles liées à l’âge pourraient l’amener à se plaindre, cette vie regardée avec la Foi en ce Jésus qui aime lui permet de voir qu’elle n’a pas à se plaindre ce qui lui permet de voir plus large et de faire aussi fonctionner son cœur.
Toute notre Foi est là, ce n’est pas seulement avoir Foi en Jésus Christ, ce qui ne veut rien dire, mais avoir Foi sans cesse que Jésus aime et aime tout un chacun et que toute la vie doit être regardée de cette manière (avec souvent la nécessité d’un long temps de recul, on ne voit pas grand-chose le nez dans le guidon !). Il a fallu du temps au peuple juif avant de  s’apercevoir et de comprendre que cette marche dans le désert  était le chemin nécessaire pour arriver jusqu’à la terre promise. C’est le lot de toute vie humaine…Redisons notre Foi en ce Dieu qui n’est qu’amour et nous permet de regarder la vie tout à fait autrement !

Daniel Bertèche