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Homélie du 24 juin 2018

  HOMELIE   DU  24   JUIN        ( Actes 13,22-26. Luc 1,57-6,80)

Quand le 24 juin tombe un dimanche nous célébrons la fête de la nativité de
Jean Baptiste, ce saint que nous pouvons prendre facilement comme modèle tant il nous montre un chemin d’humanité surtout dans sa relation à Jésus…
Mais ce qui m’a frappé en relisant les textes proposé c’est d’abord le début de l’évangile de Luc qui raconte cette naissance totalement inattendue de
Jean Baptiste puisque sa maman Elisabeth était stérile.
Je reprends le texte : « Quand fut accompli le temps où Elisabeth devait enfanter, elle mit au monde un fils. Ses voisins et sa famille apprirent que le Seigneur lui avait montré la grandeur de sa miséricorde, et ils se réjouissaient avec elle… »
Et quand on relit le reste du texte, ce bonheur se répand partout et on attribue à Dieu la source du bonheur ! C’est déjà une belle réaction, il nous arrive encore trop souvent d’attribuer à Dieu la source du malheur, beaucoup plus difficilement ce qui nous permet de nous réjouir..

Depuis quelque temps, ceux qui comme moi ont une certaine idée de l’Eglise, de la manière de vivre sa Foi en lien avec les réalités de la vie éprouvent un certain malaise et même un certain découragement par rapport à l’évolution de l’Eglise qui bien souvent va totalement à l’encontre de tout ce que dit et vit le pape François et ce jusqu’à un niveau assez local.

Un petit exemple pour sourire (ou pour pleurer), cette année (pour une fois) j’ai décidé de participer à la retraite des prêtres du diocèse (c’est la semaine prochaine !). Dernièrement, nous avons reçu l’état d’esprit de cette retraite : Totalement en silence…. Avec une adoration du saint sacrement pendant une heure chaque jour avant l’eucharistie à midi etc…  J’ai écrit mes questions à l’initiateur de cette retraite marquant mon étonnement par l’imposition du silence par rapport à des prêtres qui ne se voient que rarement et qui vont donc se regarder en chien de faïence… Ensuite de l’importance accordée à l’adoration du saint sacrement qui n’est pour moi que le signe de la présence de Jésus dans la réalité de notre monde d’aujourd’hui à travers les personnes… Le prêtre un peu gêné m’a répondu qu’il n’y était pour rien et qu’on verrait sur place…  Il paraît que tout cela est dans l’air du temps ! Alors face à toutes ces difficultés, face à tous ces comportements, comment ne pas se décourager, comment garder le moral et même se réjouir comme le dit le texte de Luc.

C’est là que l’exemple de Jean Baptiste est important et nous renvoie à notre place. Si nous connaissons bien Jean Baptiste dans ce qu’il dit de lui-même, sa réponse invariable se résume dans le « je ne suis pas… » Les paroles attribuées à Jean par Paul dans le texte des Actes qu’on vient de lire est clair : « Ce que vous pensez que je suis, je ne le suis pas. Mais le voici qui vient après moi, et je ne suis pas digne de retirer les sandales de ses pieds… » Moi, non plus, je ne suis pas Jésus, moi non plus je ne suis pas digne et donc je n’ai pas à regarder et à comprendre l’avenir de l’Eglise comme si j’en étais le centre.

Cela fait 2000 ans que l’Eglise va un peu ou beaucoup dans tous les sens et elle est toujours là, elle est toujours au milieu de toutes les vicissitudes le lieu qui signale la présence de l’Esprit Saint dans le monde. Cet état d’esprit de Jean Baptiste est important, il nous décentre et en même temps il nous décharge des tas de poids de choses qui nous n’avons pas pu faire et qui, d’après nous, auraient du  l’être, nous nous chargeons parfois de pesants fardeaux ! Se décentrer, c’est laisser la place à Jésus Christ, c’est dans le même mouvement laisser la place aux autres et leur faire confiance. C’est une démarche toujours à refaire et pas facile du tout. Mais savoir regarder la réalité du monde et même de l’Eglise et se réjouir de ce qui se vit est à ce prix !

Deux personnes ce matin m’ont permis de vérifier la vérité de ce qui je viens d’écrire… Toutes les deux, au départ m’ont dit qu’elles n’avaient pas le moral, pas en forme physiquement et moralement, la journée avaient commencé très difficilement pour elles…. Et puis voilà que la rencontre  des petits enfants pour l’une, des voisins pour l’autre va les remettre petit à petit en forme et ce à travers des gestes tout simple d’amitié, d’attention : Une écoute, un échange de nouvelles, un coup de main, une part de tarte apportée, des rosiers taillés et des roses offertes tout gentiment… Tout cela a remis d’aplomb ces deux personnes et grâce aux autres elles ont pu se réjouir de tout ce qu’elles venaient de vivre. Je vais essayer de m’en souvenir à travers ce que je vais vivre la semaine prochaine !

Je pense que l’Esprit Saint soufflera aussi là-bas N’ayez pas peur, certainement que je vous tiendrai au courant à la prochaine homélie

 

Daniel Bertèche

 

Daniel Bertèche