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Homélie du 27 mai 2018

      HOMELIE   DU  27  MAI        (Dt 4,32-34.39-40 Romains 8,14-17 Matthieu 28,16-20)

Nous fêtons aujourd’hui la fête de la Sainte Trinité… J’ai l’habitude de dire au moment des baptêmes où l’on évoque ce Dieu : Père, Fils et Esprit… Que ce « un seul Dieu, en trois personnes » est un peu compliqué et que moi-même j’ai parfois un peu de mal à me l’imaginer mais en même temps c’est un Dieu qui me plaît bien, car ce n’est pas un  Dieu vivant au 7ème ciel, dominateur, tout puissant, donc un peu égoïste, qui ferait peur mais au contraire un Dieu qui au cœur même de son existence est relation, et relation d’amour à laquelle nous sommes tous, sans aucune exception, associés…
L’Ancien Testament, à travers le livre du Deutéronome, nous rappelle le visage de Dieu qui se fait proche de l’humanité, qui se choisit un peuple : Israël, qui va lui parler, qui va en prendre soin comme une maman, qui va le libérer de l’esclavage, qui veut son bonheur et qui va conclure avec lui une alliance, un amour réciproque et indéfectible… de la part de Dieu surtout !
Jésus dans l’évangile va préciser les choses : « Ce peuple élu, cette race choisie » dont le peuple juif revendique le titre, ne lui est pas réservé : En fait sa mission, qu’il a un peu oubliée et dont Jésus va charger ses apôtres, est d’annoncer partout dans le monde que chaque peuple, que toute personne sans aucune exception est choisie par Dieu, est  l’élue, l’aimée de Dieu.
Pour essayer de parler de la richesse multicolore de ce Dieu, je vais recopier une prière d’un inconnu qui me plaît bien : « Tu n’es pas un Dieu qui parlerait tout seul et s’ennuierait dans les coulisses du ciel, puisque tu es une vraie famille où circulent le rire, le bonheur d’être, la joie de donner, la passion de faire grandir. Tu n’es pas un Dieu uniforme qui craindrait les différences puisque la différence est en toi qui es Père uni au Fils dans le souffle de l’Esprit. Tu n’es pas un Dieu de la fusion où l’on irait perdre son visage puisque tu me mets debout face à toi et m’appelles par mon prénom. Merci, mon Dieu, d’être ce Dieu qui m’apprend à devenir moi-même ! »
Toute cette réflexion sur Dieu n’a d’importance, n’a d’intérêt que si elle a un impact sur notre manière de vivre, de rencontrer les autres à l’image de ce Dieu Trinité.

Cette semaine (comme tous les mois, vous commencez par le savoir !) j’ai rencontré mes deux amis prêtres pour une réflexion commune. L’un d’eux, qui est doyen, a raconté comment lors d’une réunion des prêtres de son doyenné, chacun s’était exprimé en mettant en avant ses faiblesses : L’un d’eux (le plus âgé) a parlé de sa santé chancelante, de sa fragilité et comment il est obligé de vivre une nouvelle vie beaucoup plus sédentaire. Un autre a parlé de ses blessures dans ses relations avec l’évêque. Un autre, jeune prêtre appréhendant la mise à la retraite d’un certain nombre de prêtres âgés pour l’avenir de l’Eglise. Un autre d’origine africaine disant sa difficulté de vivre dans une société sans repères religieux. Cet ami disant aussi comment il vivait une certaine fatigue. Et ce qui m’a frappé, c’était la conclusion de ce prêtre, il n’a pas déploré : « On n’a pas construit comme nous le demande notre évêque, une Eglise beaucoup plus centrée sur le doyenné, notre boulot de curé en fait. »  Non, voilà les mots qu’il a prononcé : « Il y a eu de la part de tous, une belle écoute, beaucoup de bienveillance, ça nous a fait du bien de partager cela, et tout le monde en est ressorti heureux ! » On n’est pas dans l’Esprit de la trinité là ?
L’autre prêtre a parlé de deux enfants de 12 et 13 ans dont le père a quitté la mère mais qui voulaient être baptisés. Il était convenu que durant l’année, il les baptiserait d’abord et un peu plus tard, ils feraient leur première communion pour pouvoir faire la profession de foi en même temps que les autres copains de leur groupe. Et voilà qu’à un certain moment, ils ont manqué le caté, donnant l’impression qu’ils laissaient tout tomber et puis ils sont revenus (je fais court !) il a fallu compresser les cérémonies. Conclusion du prêtre, après toutes ces difficultés,  tout s’est super bien passé pour le plus grand bonheur de tous. De la même manière, ce prêtre a parlé d’un mariage d’un jeune pas baptisé et d’une jeune baptisée mais qui n’avait aucune connaissance religieuse n’ayant pas fait du tout de catéchisme. Il nous a dit comment il avait admiré le texte de la longue déclaration d’intention  (3 pages, chacun !) : Lui disant, entre autre qu’il acceptait de se marier à l’église pour faire plaisir à sa fiancée qui y tenait… Et elle disant que se marier à l’église lui permettait de repenser à son père décédé qui avait voulu la faire baptiser. Des arguments pas très valables quand même en rapport avec la loi de l’Eglise sur le mariage ! Mais là on était aussi dans l’Esprit de ce Dieu pour qui l’amour sous toutes ses formes qui peut s’appeler attention, bonheur, admiration, confiance, respect etc… nous resitue au cœur même de notre Foi en la Trinité ! Nous rejoignons, nous expérimentons, nous annonçons ainsi cet amour de Dieu.

Daniel Bertèche