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Homélie du 28 janvier 2018

Cet évangile nous parle du premier « enseignement » que donne Jésus. Il le fait, un jour de sabbat dans la synagogue de Capharnaüm ; c’est-à-dire, tout à fait dans la manière d’agir des juifs qui pouvaient tous, à cette occasion, prendre la parole (ce n’était pas réservé aux prêtres !) .
Aux yeux de Marc, cet enseignement avait sûrement beaucoup d’importance puisque dans ce court texte d’évangile  le mot enseigner se trouve quatre fois, dont trois fois en une ligne : « Jésus enseignait. On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité…. »
Alors en remarquant l’importance que Marc accorde à l’enseignement de Jésus on s’attendrait à avoir tout ou au moins une partie de son message qu’il veut nous délivrer, quel est le contenu de cet enseignement nouveau, cela nous aiderait quand même à reconnaître qui est Jésus…
Rien, que de pauvres indices : C’est prononcé avec autorité  et pas du tout comme les scribes.
Par ailleurs, nous savons que Jésus dénonce l’attitude des scribes : « Ils disent et ne font pas… Ils lient de pesants fardeaux et les mettent sur les épaules des hommes, alors qu’eux-mêmes se refusent à les remuer du doigt… Ils aiment occuper les premières places… »
Au contraire, Jésus croit à ce qu’il dit et en plus sa parole est active ; elle est efficace. Et la guérison de cet homme « tourmenté par un esprit impur » en est le signe.
Pour en découvrir tout le sens, il nous faut le relire comme raconté de manière imagée : Ce qui nous est décrit nous permet de découvrir ce que Jésus apporte à la personne, et ce n’est pas sans importance et nous pouvons trouver là quelque chose de son message : Grace à son amour, Jésus permet à un homme tourmenté de retrouver toute sa dignité de personne humaine… Et pour y arriver, il est obligé de se battre.
Cet esprit impur dont il est question, c’est celui qui sait qui est Jésus mais qui pense que Jésus est venu  pour le condamner, pour le « perdre » quelque part alors que c’est bien sûr tout le contraire.
A travers ce fait de vie de la guérison de cet homme nous avons véritablement une partie de l’enseignement de Jésus.
Il nous rappelle d’abord que ce n’est pas avant tout par des discours que les choses essentielles se révèlent et peuvent toucher mais par des actes et en vérité. Jésus frappe les personnes qui sont là non pas uniquement par la qualité du discours et la passion qu’il peut y mettre mais parce que, concrètement, il permet à cet homme d’être  libéré de ce mauvais esprit.  Ce n’est pas nouveau mais, en ce qui me concerne c’est toujours capital de me le rappeler ! Il m’arrive de me retrouver avec des groupes pour réfléchir à partir d’un texte d’évangile, très souvent  j’éprouve le besoin d’intervenir le premier pour les « éclairer » de mes connaissances intellectuelles (Je sais, moi !). Combien de fois des personnes, dites en difficulté, me renvoient à mes chères études à partir d’un fait de leur vie qui éclaire d’une merveilleuse lumière ce texte d’évangile. Je me soigne mais je suis incorrigible ! C’est le premier message que je reçois de Jésus.
Le deuxième, c’est à partir de cet homme tourmenté, qui s’en prend à Jésus en lui disant : « Tu es venu pour quoi ? Tu es venu pour nous perdre… »
Je pense que quand on vit des difficultés de tous ordres qui entraînent des souffrances physiques et morales, parfois face à certaines accumulations on est tenté de dire à Jésus comme cet homme : « Que me veux-tu ? Tu es venu pour me perdre ! »

En tous les cas, c’est un peu ce que j’ai ressenti dans ma rencontre cette semaine avec un homme que je connais depuis un certain temps et qui a une maladie très semblable à la mienne. Machinalement, je lui demande comment il va . Et il dit avec un grand découragement : « Le mal a empiré ; on envisage non seulement une chimio mais une greffe de la moelle pour le printemps avec tout ce que cela veut dire comme hospitalisations et conséquences… Et moi qui pensais que ça se résoudrait par une petite chimio bien pépère ! » Et il continue (sans nommer Jésus) : « Pourtant, j’ai toujours travaillé à avoir une vie saine, je n’ai jamais fait d’excès, je ne méritais pas ça quand même ! » Et il conclue : « J’ai fait comme tu as fait toi quand tu as su que tu avais un cancer, j’ai prévenu tous mes amis, ça évite les fausses nouvelles et ça permet d’être moins seul devant cette difficulté. »
Bien sûr, je comprends tout à fait l’état d’âme de cet ami « tourmenté » comme l’homme de l’évangile. Mais le message que je reçois, c’est que ce tourment ne vient pas de Jésus, le seul but de Jésus c’est au contraire que l’on garde toujours sa dignité humaine, c’est de se rappeler que nous sommes toujours entouré de son amour (surtout par les autres).
Et c’est toujours dans ce sens que nous avons à chercher dans nos vies. Un tout petit (tout petit !) éclairage dans ce sens : Au lieu de se replier sur son mal, il a informé tous ses amis comme il savait que je l’avais fait. Grâce à cela, mon propre mal prend aussi un sens tout à fait positif.

Daniel Bertèche