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Vendredi 24 juillet : ESPÉRER

Lourdes en Meuse

Vendredi 24 juillet : ESPÉRER

Marie au pied de la Croix (Jn 19, 25-27)

Or, près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie Madeleine. Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. »
Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui.

Méditation

Alors que la désolation de la Croix laisse penser à la fin d’une « aventure », Jésus, abandonné, confie l’Eglise à naître à sa mère. Dans le même mouvement, Marie est confiée à Jean, preuve d’amour de son fils. On ne peut que faire le lien avec l’importance du soutien des proches, de la cohésion familiale, de la présence physique, des gestes importants dans les moments de deuil et bien sûr, on pense à tous ceux qui n’ont pu les vivre pendant les deuils de la période Covid, en comprenant le traumatisme des familles.

Marie a été présente au pied de la croix, a vécu ces souffrances, ce n’est pas pour rien qu’à Lourdes c’est vers elle que l’on dépose ses propres souffrances : « Elle a ressenti ce qu’on ressent, il n’y a qu’elle qui peut nous comprendre dans notre souffrance ! » Il y a toutes ces souffrances, ces « morts » qui dessinent la fin d’un monde qui semble se dessiner avec la pandémie. Au cœur de la détresse naît l’espoir en un monde plus humain, plus respectueux de la Création…

Alors pourquoi ne pas conclure par l’espérance qui habite Bernadette en reprenant les paroles de la chanson « Quand tu t’en iras » dans laquelle elle demande à Marie de nous laisser de la paix, de la tendresse, de l’amour, de nous donner des nouvelles, de ne jamais nous oublier, d’aider les enfants à devenir grands… Pour les malades, leur espérance peut être une amélioration de leur état de santé, qu’on ne les oublie pas une fois rentrés chez eux, que les regards que l’on pose sur eux soient à l’image d’un Dieu Amour… Pour les jeunes, ce peut être la chance de pouvoir revenir et avec d’autres jeunes…. Pour les soignants, retrouver une équipe dynamique, attentive, chaleureuse.

Et pour AUJOURD’HUI, demain et les jours suivants, que cette semaine soit le point de départ de tas de petites choses qui font du bien, un petit coup de téléphone, un message par mail, une carte ou une simple petite pensée pour dire qu’on s’aime beaucoup…. Et puis que nous sachant tous et toujours accompagnés par Marie et par Bernadette, chacun et chacune d’entre nous, nous nous sentirons encore plus membres solidaires de l’hospitalité du Diocèse de Verdun.

Témoignage

« Je suis l’immaculée conception »
« Que soy era immaculada councepciou » dit Bernadette toute essoufflée au curé, ce 25 mars 1858.
Le curé demande « sais-tu ce que cela veut dire ? ». « Non » répond la jeune fille, « C’est la Dame qui me l’a dit et je me suis répété cette phrase tout le long du chemin, pour ne pas l’oublier ».
Certains commentateurs racontent que le curé de Lourdes a renvoyé Bernadette sans un mot avant de s’enfermer dans son bureau. Ce que Bernadette vient de rapporter est tout simplement « énorme ».
Je viens moi-même à Lourdes depuis 40 ans et je ne suis même pas sûr de vraiment peser toute la profondeur de ce Nom. Et quand les sanctuaires ont proposé ce Nom « immaculée Conception » comme thème des pèlerinages pour 2020, j’avoue que j’ai eu un peu de mal pour entrer dedans. Mais après avoir cherché du côté de la bible, du côté de l’histoire… ce thème m’a paru d’une grande richesse !

« Blanc, immaculé » : dans la bible

  • Venez, et discutons – dit le Seigneur. Si vos péchés sont comme l’écarlate, ils deviendront aussi blancs que neige. S’ils sont rouges comme le vermillon, ils deviendront comme de la laine. Isaïe 1, 18
  • Purifie-moi avec l’hysope, et je serai pur ; lave moi et je serai blanc, plus que la neige. Psaume 50,9
  • …des trônes furent disposés, et un Vieillard prit place ; son habit était blanc comme la neige, et les cheveux de sa tête, comme de la laine immaculée… Daniel 7, 9
  • … Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille. Marc 9, 3
  • …l’ange du Seigneur descendit du ciel… son vêtement était blanc comme la neige. Matthieu 28, 03
  • …une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer… vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main… ils viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau. Apocalypse 7, 9.14

Le blanc immaculé, ou blanc comme la neige, ou un blanc éblouissant que personne sur terre ne peut obtenir…
Si vous avez une bible, prenez le temps et vous verrez : Le blanc est le signe de Dieu, de ses messagers, de tous ceux qui l’approchent, de tous les hommes qui se sont laissé toucher par sa grâce, et qui ont été purifiés de leurs péchés, en d’autres termes « sauvés ».

Marie, la Mère du Christ est « conçue sans péché » depuis les premiers siècles, des chrétiens en sont convaincus :

« Pleine de grâce… toute pure, toute immaculée, toute sans faute, toute sans souillure, toute sans reproche, toute digne de louange, toute intègre, toute bienheureuse, … vierge d’âme, de corps et d’esprit,… arche sainte… belle par nature, tabernacle sacré que le Verbe a travaillé de ses mains divines, … complètement étrangère à toute souillure et à toute tache du péché. » Voilà ce qu’écrivait Éphrem le Syrien à propos de Marie au IVème siècle. D’autres témoins laissent au long des siècles des écrits porteurs de cette même conviction. Pourtant, au sein de l’Eglise, tout le monde n’est pas d’accord… comme St Bernard de Clairvaux (XIIème s) ou St Thomas d’Aquin (XIIIème s) entre autres. Pour eux, Marie est sainte, c’est une évidence. Mais elle est « bénie entre toutes les femmes », « l’humble servante », et de ce fait, elle ne peut pas être différente par la naissance, encore moins au-dessus des autres femmes.
En 1830, la Vierge apparaît à Paris, à Catherine Labourée, Rue du Bac. A la suite de cette visitation, la Médaille Miraculeuse est frappée à des milliers d’exemplaires. On peut y lire « Ô Marie, conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous ». La dévotion envers la Vierge progresse…
Mais Grégoire XVI ne trouve toujours pas l’unité dans l’Eglise.
En 1854 enfin, après 6 années de réflexion d’une commission de théologiens et s’appuyant sur l’avis des évêques et supérieurs de communautés monastiques, le 8 Décembre, Pie IX promulgue un texte important Ineffabilis Deus dans lequel il encourage tous les catholiques à fêter « l’Immaculée Conception ».
C’est le « nouveau » dogme, que l’abbé Peyramal, curé de Lourdes connait bien, lorsqu’il reçoit Bernadette toute essoufflée quatre ans plus tard. Et très vite il comprend que Bernadette n’a pas pu inventer ce qu’elle lui dit.
Lui qui l’avait fortement rabrouée lors de sa dernière visite, deviendra à compter de ce jour son plus fervent défenseur.

Ce « nom » dans les apparitions de Lourdes.

A Lourdes, le 11 février 1858 à la roche de Massabielle, c’est la 1ère apparition. « Aquéro » sourit à Bernadette, silencieusement, elles font leur signe de croix puis, ensemble, elles prient le chapelet.

Lors de la 3ème apparition, le 18 Février, Bernadette présente à la « Dame » un écritoire pour qu’elle inscrive son nom. Mais la dame n’en fait rien. Elle sourit et répond « ce n’est pas nécessaire ». Que ce serait-il passé, si elle avait signé ce jour-là ? Aurions-nous eu la suite ?
La dame lui demande alors de « venir quinze jours » et ajoute « je ne vous promets pas de vous rendre heureuse de ce monde, mais de l’autre ». S’en suit une quinzaine riche en émotions. La « Dame » parfois n’apparait pas, et souvent elle est silencieuse. Mais les gestes et les paroles, que rapporte Bernadette, sont forts de signification : Le signe de croix et la prière, le sourire et la considération, « pénitence… priez pour les pécheurs », la boue qui devient source, « allez à la fontaine et vous y laver », l’herbe mangée pour les pécheurs, la chapelle à construire et les processions…

L’apparition ne parle pas pour ne rien dire. Je ne sais pas si vous remarquez, mais c’est une véritable retraite spirituelle qu’elle prêche à Bernadette, une véritable catéchèse.
Si elle ne parlait qu’à Bernadette, cela ne nous dérangerait pas. Mais quand elle nous parle à nous de « pénitence », de péché, de « se laver »… Là, on aime moins. Pourtant ce qui me frappe, c’est la grande ressemblance entre ses messages et ce que nous avons lu dans la bible : le blanc signe de purification, de salut, de grande proximité avec Dieu. Je suis aussi profondément frappé par la proximité de ces messages avec ce qu’enseigne Jésus dans l’évangile : la conversion, la relation à Dieu notre Père, l’exigence de vie des disciples et les béatitudes à ne pas confondre avec les bonheurs du monde, la joie du salut…

Et si, en nous bloquant sur certains de ces sujets, parce que nous les trouvons vieillots, parce qu’ils nous coûtent… Et si nous passions à côté de quelque chose d’essentiel dans notre relation à Dieu, quelque chose de vital que Marie s’efforce de nous faire entendre ? Quand le 25 Mars, 16ème apparition, la Dame de la Grotte révèle enfin son nom « immaculée conception », à travers Bernadette, c’est bien évidemment à l’Eglise qu’elle s’adresse. Marie, alors, ne dit pas son nom seulement pour se présenter. On est à la fin des apparitions et c’est sa dernière parole. Ce jour-là, Marie pose son Nom comme on pose sa signature au bas d’une longue lettre. Elle le pose comme le sceau authentifiant chaque apparition, chaque parole, comme chaque page d’un testament. Et ce « immaculée » nous dit à travers elle, toute la joie de ceux qui s’approchent de Dieu, joie communicative qui donne confiance au plus fragile…
Et le jour qu’elle choisit pour dire ce Nom, un jour au milieu de 5 semaines d’absence et de silence, c’est le jour de l’Annonciation ! Avec l’Eglise, Marie fait mémoire de ce jour où l’ange lui a dit « Sois sans crainte Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu… ». C’est un jour de joie, qui a illuminé sa vie. Ce jour-là, Dieu lui a fait grâce et à oser compter sur elle pour porter son Fils !
Marie n’accapare pas la gloire qui revient à Dieu. Elle se situe comme simple disciple, messager de la grâce qu’elle reçoit de Lui.

L’Immaculée Conception et nous ?

En choisissant Bernadette, la plus humble de la ville, pour cette grande mission et en lui disant « Je suis l’immaculée conception », Notre Dame nous rappelle que le Seigneur ne cherche pas le plus intelligent, le plus doué, le plus fort. Le Seigneur se tourne vers celui qui écoute et qui se laisse toucher. A celui-là, il donne sa grâce, à celui-là il fait confiance… et il attend sa réponse.

Confions-nous à Marie, et demandons-lui de nous aider à dire Oui !
Je vous salue Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous…
Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant…
Ces mots aussi ont quelques siècles, nous pouvons en choisir d’autres,
Ou demander à Notre Dame de nous aider à prier.

Didier, Diacre