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Mercredi des Cendres (Homélie de Mgr GUSCHING et photos)

Chers amis,                                                                                                                

           Quand nous pensons Carême, quels sont les mots qui nous viennent à l’esprit ? C’est vrai qu’avec la pandémie, nous pouvons avoir l’impression d’être en Carême depuis un an : moins de rencontres et de convivialité, le masque cache l’expression de nos visages…

Dans le contexte d’inquiétude que nous vivons, où tout paraît fragile et incertain, ce temps du Carême devient un temps pour espérer, pour tourner notre regard vers la patience de Dieu qui continue de prendre soin de nous comme de la création. « CCFD : Habiter notre maison commune – Formation des adultes : livret écologie intégrale).

Voici ce temps favorable – pas un temps triste ou morbide – mais un temps d’enfouissement, promesses de jeunes pousses et tous, nous avons besoin de ce temps de grâce. Le rythme de nos vies peut nous conduire à négliger notre corps, notre relation à l’autre et à Dieu. Voici une nouvelle fois un appel à la conversion, laissons le Seigneur convertir notre cœur pour un mieux-être et un mieux vivre.

« Revenez à moi de tout votre cœur » dit le prophète Joël. Si nous devons revenir, cela signifie que nous sommes allés ailleurs. Le carême est le temps pour retrouver la route de la vie. Chacun de nous peut se demander : sur quel chemin je marche, où est-ce que j’en suis, quelle est ma route, mon but ?

Pour retrouver la route, un signe : des cendres sur la tête. C’est un signe qui nous fait penser à ce que nous avons en tête, nos désirs, nos objectifs… Redisons-nous que les réalités terrestres s’évanouissent comme poussière au vent, les biens sont provisoires… Nous sommes faits pour la vie, la vérité et non pour la mort ou l’apparence. Est-ce que je vis pour le feu ou pour la cendre ?

Retrouvons l’essentiel, l’évangile propose 3 étapes que vous connaissez : l’aumône, la prière et le jeûne. L’Evangile entendu nous propose une attitude et trois conseils : L’attitude est celle de l’intériorité, ton Père voit dans le secret ! Nous vivons parfois trop à la surface de nous-mêmes, l’image que nous voulons donner. Chassons l’idée qu’il faut faire de nos vies un spectacle permanent pour exister. Notre société contemporaine nous entraîne à outrance sur ce chemin du « m’as-tu-vu ». Prenons le temps de nous retirer en nous-mêmes pour ce cœur à cœur avec le Seigneur de la vie qui vient nous transformer. Dieu nous reconstruit de l’intérieur !

Les 3 étapes nous ramènent aux trois seules réalités qui ne disparaissent pas. La prière nous rattache à Dieu, la charité au prochain, le jeûne à nous-mêmes. La prière qui nous élève vers Dieu ; la charité qui nous libère de toute vanité, le jeûne qui nous libère de toute addiction. C’est un temps de guérison des dépendances qui nous séduisent. Qu’est-ce qui demeure en notre vie, qu’est-ce qui est promesse d’avenir ?

Pendant ce carême, appliquons-nous à dire des mots d’encouragements qui réconfortent, qui stimulent et ouvrent à l’espérance au lieu de paroles qui attristent et qui dénigrent. Parfois, pour offrir un peu d’espérance, il suffit d’être une personne aimable, qui écoute et porte attention à l’autre. Dans l’Eglise, nous ne sommes pas assez accueillants et nous jugeons les autres, c’est là que l’Eglise se perd elle-même et devient une institution parmi tant d’autres. Aujourd’hui, la porte d’entrée dans l’Eglise, c’est la charité qui donne sens à notre vie. La charité, c’est-à-dire, l’élan du cœur qui nous fait sortir de nous-mêmes qui qui crée la communion et l’unité.

Vivre un carême d’espérance comme nous y appelle le pape François, c’est percevoir que nous sommes, avec Jésus-Christ, les témoins d’un temps nouveau dans le lequel Dieu veut faire toutes choses nouvelles. C’est s’habiller de sentiments de vie pour éviter les querelles d’hier.

Ainsi, entrons dans ce temps de carême, non pas dans la tristesse et le désespoir, mais dans la joie confiante de la résurrection vers laquelle nous nous avançons. Ce jour, recevons ces cendres avec bonheur, elles sont signes d’espérance – Dieu croit en chacun de nous – Laissons-nous réconcilier avec Dieu. Et les lieux arides de nos vies deviendront des oasis de bonheur où s’épanouira notre relation à Dieu et aux autres. Pendant quelques instants de silence, prions dans le secret de notre cœur pour que notre démarche de ce jour porte du fruit. Fixons notre regard sur le Christ, c’est lui qui oriente notre vie et notre avenir.

 

+ Jean-Paul GUSHING
Le 17 février 2021