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Homélie du 29 mars 2020

HOMELIE   DU   29  MARS     (Evangile de Jean 11, 1-45

J’ai reçu cette semaine par Internet un film-documentaire d’une heure quinze réalisé par un metteur en scène qui a mis plus de trois ans pour le faire. Il a été un peu partout dans le monde, interviewant les uns et les autres, de manière très variée, des enfants, des jeunes, des adultes, plus ou moins âgés, des handicapés, des personnes toutes simples, des philosophes, des personnes faisant références à des pensées anciennes (Confucius entre autres), des écologistes prônant un certain  retour à la terre,, le panel était assez complet avec des visions assez extrême-orientales, avec leur sagesse. La question posée à chacun, c’était le bonheur… C’est quoi pour vous, le bonheur.. Les réponses étaient assez variées, commençant par la bonne santé, mais surtout animées par la richesse des relations. Les plus nombreux tournaient autour de « être bien dans sa peau,  pour pouvoir aimer les autres »…. C’était assez bien fait, et assez complet au niveau idées. Mais quand j’ai terminé de regarder ce film, je me suis aperçu qu’il n’y avait absolument rien à partir des religions chrétiennes, aucune référence à ce qu’aurait pu dire Jésus sur le bonheur. Et cela m’a interpelé…  Je me suis dit : « Quand même le bonheur, l’importance d’aimer, le bonheur d’aimer c’est très présent dans l’évangile…. Alors pourquoi ça n’est pas venu ? » Cela n’est pas venu parce que, aujourd’hui, dans l’Eglise, nous ne donnons pas assez à voir ce visage aimant de Dieu que nous révèle Jésus, on est bien trop attaché à la morale dans l’Eglise, aux règlements, aux lois qui nous empêchent de révéler ces attitudes et ces paroles de Jésus qui nous donnent le secret du bonheur.

Alors j’ai choisi de reprendre l’évangile d’aujourd’hui, la résurrection de Lazare, encore un texte long et un peu compliqué, pour m’attacher uniquement aux réactions et aux paroles de Jésus à travers cet évènement…. Je n’ai regardé vivre que Jésus et vous allez voir : c’est que du Bonheur !

D’abord, Jean nous parle de Jésus avec un homme qui est malade Lazare, c’est un ami de Jésus, il avait deux sœurs Marthe et Marie. Jean prend soin de préciser que Marie dont il est question ici c’est « celle qui répandit du parfum sur le Seigneur et lui essuya les pieds avec ses cheveux », on ne sait pas trop si c’est Marie Madeleine, ce dont on est sûr c’est que c’était une pécheresse, connue de tous… Ce rappel est important, pour la suite. La suite, c’est le message des deux sœurs à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade… » Et Jean prend soin de préciser : « Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare… » Jésus aimait donc l’ancienne pécheresse Marie. Ensuite, c’est Jésus lui-même qui dit : « Lazare, notre ami, s’est endormi… »

Et après on n’est plus dans l’ordre du discours, ce ne sont plus les mots qui comptent ce sont les sentiments : « Quand Jésus vit que Marie pleurait la mort de son frère, il fut lui aussi saisi d’émotion, il fut bouleversé… » « Et alors Jésus se mit à pleurer » Vous imaginiez Jésus, Dieu, fils de Dieu en train de pleurer ? Et ce n’est pas fini, en le voyant pleurer les Juifs disaient : « Voyez comme il l’aimait… »  Et quand il arriva au tombeau, Jésus « fut repris par l’émotion… »

Voilà le portrait de Jésus et donc de Dieu que nous brosse Jean qui raconte : Jésus, c’est quelqu’un qui aime, même les non fréquentables (Marie), quelqu’un qui est ému, et même qui est repris par l’émotion…. Et le comble, il pleure… Mais ce n’est pas un acte divin tout cela et d’ailleurs c’est ce que des personnes rappellent à ceux qui sont en admiration devant le fait que Jésus pleure… Et ils le disent durement : « Ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? » N’est-ce pas un peu notre réflexe : « Qu’est-ce qu’il fait Dieu, ne pouvait-il pas empêcher le Coronavirus ? » C’est bien beau de savoir qu’il nous aime… Si on ne voit pas les résultats ! Mais le message, le résultat est simple… Si on lit bien l’évangile, les récits de miracles, surtout celui-là, on découvre tout de suite que pour Jésus, il n’existe qu’un seul miracle, c’est le miracle de l’amour. Et j’ose dire dans cet évangile, comme il nous est raconté par Jean, que c’est l’amour de Jésus pour Marie, pour Marthe et pour Lazare qui va ressusciter Lazare. Ce n’est pas un truc « magique » que Jésus ferait en seulement claquant dans ses doigts. C’est, et je le répète, une histoire d’amour. Et ce n’est donc pas une philosophie, ni même une théologie, on est là dans le vécu qui se renouvelle aussi pour chacune et chacun d’entre nous aujourd’hui.

J’ai la chance de me retrouver au Secours Catholique dans l’équipe d’Animation Spirituelle, un petit groupe de Meuse Moselle, formée d’animateurs, de bénévoles, de personnes des groupes. Certains ont vécu et vivent encore des grosses difficultés, des souffrances physiques et surtout morales, des rejets, en un mot « la galère » etc…Dans ce groupe, nous avons été témoins de belles résurrections… Des personnes ont redécouvert qu’elles avaient de la dignité, que leur ancienne vie où elles ramaient avait disparu comme un « vieux sac de linge sale » et pour certaines, ça a été la redécouverte (grâce à l’amour des autres) d’un Jésus qui les aimait telles qu’elles étaient, elles en ont fait vraiment l’expérience. Et ça fait vraiment plaisir de voir tout le bonheur qui en ressort, et combien ces personnes le proclament à qui veut l’entendre avec le sourire…Et ça nous fait du bien à nous, bénévoles, de nous apercevoir que ce sont ces personnes-là qui nous révèlent le mieux le visage de Jésus, dont l’amour découvert les a ressuscités. Les pauvres sont vraiment nos maîtres…A nous de nous mettre à leur école.

Daniel Bertèche