Paroisses
Denier
Années de l'Appel

Homélie du 8 mars 2020

HOMELIE   DU  8   MARS  (Matthieu 17, 1-9)

Ce récit de la transfiguration de Jésus est là à travers des termes imagés pour nous aider à découvrir le vrai visage de Jésus, qui lui-même nous révèle quelque chose du visage de Dieu… Et d’abord, posons-nous la question : cet évènement c’est pour qui ? Quels sont ces « privilégiés » : Pierre, Jacques et Jean. Pourquoi eux ?… La réponse est simple : C’est parce qu’ils vont être aux premières loges lors de la passion, être témoins de  l’humiliation, les souffrances et le rejet de Jésus. C’est pour les aider à découvrir, que la vie de Jésus ne s’arrête pas à cet échec cuisant ! Ou au moins à le garder en mémoire, car au moment de la passion de Jésus, ils vont le lâcher lamentablement comme si rien ne s’était passé avant…

Et puis, il y a d’autres personnages de l’Ancien Testament dans ce texte : Moïse et Elie !  Même question aussi : pourquoi eux ? Parce qu’ils peuvent vraiment nous aider dans notre recherche du visage de Dieu, ils nous procurent des signes : Moïse, on le connaît, c’est celui qui, à travers les commandements, nous rappelle que mettre en pratique notre Foi, c’est aimer Dieu et aimer son prochain. On connaît Moïse, moins  Elie ! Elie,  c’est celui qui se pose la question : A quels signes reconnaître le « passage de Dieu… » : Au départ, en voyant un ouragan, il pense que Dieu est dans l’ouragan… ( Il y a l’aspect force, un peu terrifiant de Dieu !) Et il n’est pas dans l’ouragan. Après, il est question d’ un tremblement de terre, il pense alors que c’est dans ce tremblement de terre que Dieu dans sa toute-puissance est,  et il n’ est pas plus dans ce tremblement de terre…. Enfin, il y a le « murmure d’une brise légère… » et  Dieu est dans cette brise légère…Quel beau message, on n’est pas habitué à penser Dieu dans le murmure d’une brise légère ! Enfin, il y a aussi l’idée de Dieu que se font Pierre et les autres disciples : En entendant le Père dire des choses pourtant  merveilleuses, pleines d’amour : « Celui-ci est mon fils bien aimé, en lui, je trouve ma joie… » C’est beau non ! Et bien eux, ils tombent face contre terre et sont saisis d’une grande crainte ! Il faut que Jésus s’approche d’eux, les touche et leur disent : « Relevez-vous et soyez sans crainte… » A travers ces gestes et ces mots rassurants, c’est lui qui leur explique et témoigne de cet amour gratuit du Père, y compris pour eux…

Voilà en quelques mots tout l’éclairage que nous pouvons recevoir en même temps que les trois privilégiés…

Toute cette réflexion autour du personnage de Jésus soutenu par le témoignage de personnes de l’ancien testament, je l‘ai vécue aujourd’hui d’une manière tout aussi concrète et intense à travers le partage, la réflexion, la recherche que j’ai vécue avec des membres de l’hospitalité de Lourdes… Chacun a partagé, avec beaucoup de simplicité, ce qu’il vivait dans sa vie, certains vivaient des choses très lourdes et compliquées que ce soit au niveau professionnel ou au niveau vie de famille. J’ai été frappé par l’écoute, l’attention, l’absence de  morale, la délicatesse surtout, personne ne connaissait le remède ou la solution à la place de l’autre…. On n’était ni dans l’ouragan, ni dans le tremblement de terre mais vraiment dans le murmure d’une brise légère, qui accompagne avec une grande écoute, et un grand respect, attentif à la souffrance de l’autre. Personne n’avait de réponses à la place de  l’autre, mais chacun avait ce souci de donner de l’amitié par des gestes et des paroles toutes simples. A travers les paroles et les gestes de réconfort des uns et des autres, j’avais l’impression de voir et d’entendre Jésus dans sa réaction vis-à-vis de ses disciples : Jésus s’approcha, les toucha et leur dit : « Relevez-vous et soyez sans crainte…. » Et j’ai beaucoup admiré ce comportement qui fait du bien. Avec parfois l’impression de paroles et de gestes inutiles…

Et d’ailleurs, ça a été ensuite l’occasion pour tous de revoir quelle idée, ils se faisaient de Dieu… Combien comme les apôtres, ils avaient été marqués dans leur enfance et leur jeunesse par la peur, le manque d’amitié, le manque d’amour de Dieu… Et que, étant des habitués de Lourdes, l’idée qu’ils se faisaient de Marie, en regardant en elle la réaction d’une maman, avait en quelque sorte humanisée l’idée qu’ils se faisaient de la maman et par la même occasion de son fils. Il leur fallait passer par Marie pour comprendre et rejoindre son fils…. Je leur ai dit que ce n’était pas ma manière de fonctionner, mais l’importance c’est avant tout être capable d’entendre le Père dire de son fils : «  Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! » Cette  histoire d’amour entre le père et le fils qui les transfigure n’est pas réservée au Père et au Fils, nous y sommes associés…. N’oublions jamais que ces belles paroles d’amour nous sont aussi adressées….. Mais pas seulement à quelques-uns, à quelques privilégiés,  mais à chacun et chacune d’entre nous et ce n’est que du bonheur.

Daniel Bertèche