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Homélie du 26 février 2020

 HOMELIE   DU  26  FEVRIER        Mercredi des Cendres

Tous les ans, ce début du Carême commence par cette invitation : « Convertissez-vous, croyez à la Bonne Nouvelle » Cela a amené chez moi, au fil des ans (une cinquantaine d’année quand même !) différents sens dans la compréhension de cette phrase…. Jusqu’à un gros coup de colère ces dernières années où officiellement on a remplacé le mot Bonne Nouvelle par le mot Evangile…. C’est vrai que cela veut dire la même chose, mais pas dans le langage courant : Croyez à l’Evangile, ça peut vouloir dire : « Croyez à ce qui est écrit dans le livre de l’évangile. » Alors que dire : Se convertir, c’est croire à la Bonne Nouvelle. C’est croire que la Bonne Nouvelle existe, elle est en nous, mais pour la voir il faut se convertir, et des fois la conversion ça va drôlement loin.. Cette année, j’ai découvert la vérité de ce texte d’une manière extrêmement forte grâce à un ami. Et d’ailleurs, je me demande si le témoignage de sa vie ne serait pas suffisant pour comprendre et pour nous faire entrer en carême….Cet homme a appris récemment qu’il avait un cancer, un cancer compliqué à soigner, tout s’est d’ailleurs déroulé très vite. Son premier réflexe, ça a été de refuser tous les soins, de retourner chez lui pour s’y réfugier, refusant de voir quiconque. On  imagine sa détresse profonde et aussi celle des siens. Et puis, tout à coup, je ne sais pas trop par quelle opération, mais pourquoi pas l’Esprit Saint, sous la forme du sacrement des malades et l’amour des siens, il y a eu retournement complet, il a décidé de vivre et de formidablement bien vivre, les derniers moments de sa vie, donnant une place à tous, une écoute que lui-même ne se connaissait pas découvrant ses propres enfants et leur richesse de vie, montrant une qualité de relation, vivant une attention et une reconnaissance appuyée au personnel hospitalier, j’ai le sentiment qu’il désire « bouffer » la vie à pleines dents. C’est clair que quand on entend les uns et les autres, il y a une super belle et bonne nouvelle qui est vécue là, mais au prix de quelle conversion. Mais c’est une conversion qui vaut drôlement la peine : Lui-même dans un grand sourire répétant : « Je suis heureux… » Alors qu’il sait bien sûr qu’il va mourir….

Ce fait de vie nous renvoie à nous-même , nous avons à nous en servir comme d’une parabole pour nous aider à relire nos vies telles qu’elles sont (avec leur lot de difficultés) comme une Bonne Nouvelle et surtout nous attacher à voir quelle conversion il nous faut opérer pour y arriver jusqu’à cette Bonne Novelle

Nous sommes un certain nombre à prendre de l’âge, certains ont un peu l’impression d’une descente aux enfers : Avant ça, je pouvais le faire, maintenant,  je ne peux plus le faire…. » et un peu plus tard : « et ça non plus etc… » etc…. et c’est vrai que sana réflexion, c’est dur à encaisser.. Et c’est là que le texte de Jésus et la « parabole » nous éclaire… De ce qui est une fin de vie où on attend la fin, il en a fait une bonne nouvelle pour tous, avec un sourire éclatant pour tous ceux qu’il l’aime et qui l’aiment. Grâce à lui, on peut tout regarder comme une bonne nouvelle, même ce qui peut paraître désastreux…

Immédiatement me vient en tête les révélations qui viennent d’être reconnues à propos de Jean Vanier. En l’apprenant, j’ai eu fort mal, bien sûr, ce n’est pas une bonne nouvelle et pourtant, le message qu’en tire un de ses proches peut être relu comme un super éclairage : « La découverte de cette part d’ombre chez Jean Vanier nous ramène à la source, souligne Laurent de Cherisey. On est toujours tenté d’idéaliser, de mettre sur un piédestal, mais il n’y a qu’une lumière, le Christ. Seul Dieu est saint. » Qu’est-ce que c’est un message important, que surtout les prêtres ont besoin d’entendre. Mais c’est un message ultra positif qu’on entend que si on fait la démarche de se convertir pour entendre et se réjouir de la bonne nouvelle. Que ce Carême soit l’occasion d’une belle conversion nous rendant témoin d’une Bonne Nouvelle. Et cette Bonne Nouvelle qui peut grandement nous aider à vivre, c’est cet amour d’un Dieu qui nous aime merveilleusement sans demander de comptes et gratuitement. Joyeux Carême à tous…

Daniel Bertèche