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Homélie du 23 février 2020

HOMELIE   DU  23  FEVRIER    (Matthieu 5,38-48)

Cet évangile a surement été un des textes dont on s’est le plus moqué à travers tous les messages de Jésus, surtout par les incroyants qui trouvaient son discours naïf et pas réaliste pour un sou. Appliquer ce que demande Jésus en particulier la phrase connue de tous : « Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends lui encore l’autre. » Mais ça ne va pas non. C’est vraiment insupportable, trop c’est trop. Et le reste des affirmations de Jésus va dans le même sens « Ne riposte pas au méchant…. Si quelqu’un veut prendre ta tunique, laisse-lui ton manteau…. Si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. Aimez vos ennemis…etc… » Aujourd’hui toute cette réflexion n’a plus court, on est plutôt dans une autres logique : Il ne faut pas se laisser faire, il faut montrer qu’on existe sinon on se fait manger la laine sur le dos, on doit se faire respecter…On n’est pas des bonnes poires d’abord etc… Et c’est une argumentation qui tient la route !

Alors qui a raison ? Jésus ou l’état d’esprit d’aujourd’hui ? Comme toujours, un fait de vie va nous éclairer, donner un sens à cette parole de Jésus…Je le répète souvent parce que c’est une expérience que je ne cesse de faire et qui vraiment enrichit ma compréhension de l’évangile et par conséquence m’aide à reconnaître le visage de Dieu, et il y a toujours quelque chose de nouveau : Cette semaine, à une réflexion à partir de ce texte d’évangile, une personne raconte ce qu’elle a vécu à la dernière  rencontre d’une association : Tout le monde ne partageait pas le même regard sur les objectifs de l’association. Très vite, ça a apporté un climat tendu et hostile entre différentes personnes… Cela a créé un climat d’agressivité entre les membres. Une personne surtout était très remontée contre les autres, les faisant taire, refusant de leur donner la parole en couvrant ce qu’elles voulaient dire etc…Son attitude a d’ailleurs étonné les personnes présentes car ce n’était pas son habitude.  Il en voulait surtout à une femme, dépassant avec elle la limite du respect. Et cette femme, au milieu de toute cette agressivité, limite insultante vis-à-vis d’elle, est restée d’un calme formidable, elle a répondu calmement à toutes ces attaques. La personne qui racontait ce fait de vie nous a dit : « L’attitude de cette femme, sa sérénité a fait un bien fou, à tout le monde, à tout le groupe. Elle nous a communiqué la contagion de l’amour. Elle nous a contaminés dans le bon sens. Elle nous a apaisées. C’est sa réaction à elle qui nous a remis sur un autre chemin…. »

Pour reprendre l’évangile, cette femme a accepté qu’on la frappe sur la joue droite et sur l’autre aussi parce qu’elle poursuivait un  autre but : La contagion de l’amour…. Quand on prend ce chemin, on n’est pas « touché » par les gifles qu’on peut nous envoyer. En fait, on ne les reçoit pas.

On voit bien la vérité de cette parole de Jésus….Mais cela ne suffit pas…. On a beau voir la vérité, l’efficacité de la parole de Jésus…. Il faut arriver à le vivre et il ne suffit surtout pas de dire «  il faut » pour y arriver, on le sait bien. J’ai gardé le souvenir d’une personne qui se rappelait l’évangile où Jésus nous dit d’aimer ses ennemis. Elle s’en tenait au « il faut », à ce qu’on lui avait appris. Alors, pour être en règle avec sa religion, quand elle rencontrait quelqu’un qu’elle n’aimait pas, parce que Jésus lui demandait de l’aimer quand même, le sourire qu’elle s’efforçait d’avoir était une extraordinaire grimace… C’est là (encore une fois de plus) qu’il y a deux phrases qui sont d’une grande importance : La première : «  Votre Père qui est aux cieux fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes » et la seconde : « Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait… » Ces phrases nous répètent quelque chose d’essentiel : Ce que Jésus nous demande de faire, de vivre, c’est d’abord de constater, de nous rappeler toujours, de nous réjouir de sa manière d’être vis-à-vis de nous… Et on peut relire ce texte en se disant : quand je frappe Jésus sur la joue droite, il tend l’autre….. Quand je le réquisitionne d’une manière capricieuse pour faire mille pas, il en fait deux mille avec moi…. Quand je prends la tunique de Jésus, il me laisse encore son manteau etc… c’est une fois de plus l’illustration, la constatation de l’amour fou de Jésus pour chacun et chacune d’entre nous. Et c’est indispensable de nous arrêter pour nous rappeler comment concrètement et follement il nous aime, pour pouvoir marcher un peu à sa suite. Et ce, qu’on soit bon ou méchant… Se sentir vraiment aimé change tout notre comportement. Après la réunion que j’évoquais tout à l’heure, certains ont dit leur étonnement devant la réaction violente de cet homme. Une personne qui le connaît bien a dit: « Il a des problèmes familiaux… » Quelque part, il ne se sent pas aimé… Ceci explique aussi cela !

Daniel Bertèche