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Homélie du 9 février 2020

HOMELIE   DU  9  FEVRIER    (Isaïe 58,7-10. 1Corinthiens 2,1-5. Matthieu 5,13-16)

Voilà 3 lectures qui nous disent plein de choses sur le visage de Dieu et sur notre manière d’être signe de la gloire de Dieu. D’abord le texte d’Isaïe qui a été écrit après le retour de déportation et  la reconstruction du Temple de Jérusalem révèle une grande déception à propos de la réaction des Juifs. Alors Isaïe rappelle que le vrai Culte n’est pas dans le Temple fraîchement reconstruit, le jeûne que son Dieu préfère, c’est l’amour pour les frères, un amour qui se traduit en actes, particulièrement dans le partage des biens et dans la liberté et la dignité pour tous. Paul aussi raconte son état d’esprit quand il est venu prêcher aux Corinthiens : « C’est dans la faiblesse, craintif et tout tremblant que je me suis présenté à vous. Mon langage n’avait rien d’un langage de sagesse qui veut convaincre… » Et dans l’évangile, d’une manière encore plus précise Jésus nous dit que « nous sommes sel de la terre, nous sommes lumière du monde…. » Le sel dans un aliment change tout ; mais il ne sert qu’à mettre en valeurs, à souligner les autres aliments ; on n’en découvre l’utilité que quand il en manque ou qu’il y en a de trop. Quand c’est parfait, on ne le mentionne même pas. De la même manière pour la lumière, on ne regarde pas la source de la lumière, on n’admire pas la lumière, au contraire, mais c’est la lumière qui met en valeur un paysage… Grâce à l’éclairage bien nuancé, on admire un tableau, comme un paysage…. Donc ces trois textes vont bien dans le même sens : Célébrer le culte, c’est « partage ton pain, avec celui qui a faim… » …. « Annoncer le mystère de Dieu, cela ne passe pas par le prestige du langage ou de la sagesse qui veut convaincre »  et enfin, c’est en étant sel et lumière, en mettant uniquement en valeur les autres que vous rendez gloire à votre Père qui est aux cieux…

Nous venons de voir, comment nous pouvons être signes de la gloire de Dieu. Mais cela nous révèle quelle gloire de Dieu ?… C’est quoi la Gloire de Dieu ? En employant cette expression dans la presque totalité de son évangile, Jean nous donne la réponse : C’est pour que la Gloire de Dieu se manifeste, cela veut dire : C’est pour que l’amour de Dieu se manifeste : La puissance de Dieu c’est la capacité d’aimer : Et donc cela ne passe pas par le prestige du langage ou de la sagesse… Cela passe par une terrible discrétion qui grâce à cela peut mettre en valeur l’autre !

J’avoue que ce que j’ai vécu ce samedi matin, pendant trois heures, à Saint Mihiel m’a permis de tout à fait comprendre le sens que met Jésus quand il dit à ses amis : « Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde. » Je me suis donc retrouvé à Saint Mihiel pour une répétition de chants avec toutes les chorales de la Meuse qui le désirent, dans le but de mettre sur pieds pour trois concerts l’œuvre de d’Etienne Perruchon « Dogora » pour Solistes, chœurs d’enfants, chœurs et orchestre. J’avoue que je suis allé à cette répétition pas mal à reculons. Je pensais que cette œuvre était trop compliquée pour nous : Elle est écrite dans une langue qui n’existe pas, donc pas évidente à prononcer (un peu à consonnance slave !) et surtout pour les sopranos et les ténors (que je suis), c’est beaucoup trop haut et donc impossible à chanter pour nous. J’ai tellement du manifester (comme je sais faire, hélas) mon manque d’enthousiasme, que certains de notre groupe m’attendaient à la sortie pour savoir ce que j’en avais pensé ! Je n‘ai pas manifesté tout de suite mon enthousiasme (on a son honneur quand même) mais en fait j’ai aimé ; j’ai aimé surtout la personne qui nous dirigeait. Elle a vraiment été pour nous sel et lumière… Alors qu’elle était grippée, il a su nous communiquer sa passion et surtout mettre toujours en avant ce qu’il y avait de meilleur en nous. Ce n’était pourtant pas gagné d’avance ; derrière nous, il y avait trois sopranos qui « pinchaient » comme pas possible. Mais elle s’est ingéniée à faire ressortir ce qu’il y avait de meilleur en chacun… Et en plus, quand elle nous félicitait pour les corrections que nous avions pu opérer, elle ne bluffait  pas pour nous empêcher de nous décourager, c’était vrai !… Ses encouragements et ses petits conseils portaient des fruits. Et nous-mêmes, on ne pouvait que reconnaître que c’était vrai, qu’on avait progressé… Et à la fin de la répétition, quand nous avons repris pour terminer un chant que nous avions étudié, elle nous a dit que c’était très beau…. Et c’était très beau… La lumière qu’elle a projetée sur la chorale nous a permis de voir (ou plutôt d’entendre) que cette chorale était très belle. Cela montre que malgré les apparences, que l’ «efficacité » ne réside pas dans la force, la persuasion, la puissance, la leçon, la domination mais au contraire dans la mise en valeur de l’autre qui sait reconnaître la richesse de vie, qui sait admirer (grâce à son humilité) et qui peut admirer parce qu’il se sent aimé. Sans se sentir aimé, c’est difficile, c’est même pratiquement impossible, c’est là qu’est l’importance, pour ceux qui en vivent, de la reconnaissance de l’amour de Jésus pour chacun et chacune d’entre nous sans aucune exception…

Daniel Bertèche