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Homélie du 29 décembre 2019

HOMELIE   DU  29  DECEMBRE     (Colossiens 3, 12-21. Matthieu 2,13-15, 19-23)

Nous fêtons aujourd’hui la sainte Famille : Marie, Joseph et Jésus. C’est l’occasion pour l’Eglise de nous proposer de nous arrêter sur nos familles et de puiser dans la parole de Dieu tout un éclairage pour vivre le mieux possible nos relations hommes femmes, parents enfants. La première lecture tirée d’un texte d’un sage de l’ancien testament Ben Sira se termine par une attention particulière pour les vieux parents : « Mon fils soutiens ton père dans sa vieillesse, ne le chagrine pas… Même si son esprit l’abandonne, sois indulgent, ne le méprise pas, toi qui es en pleine force ! » C’est beau et toujours d’actualité… La deuxième lecture de Saint Paul commence très bien : « Revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience… Par-dessus tout cela, ayez l’amour, qui est le lien le plus parfait… » C’est encore plus beau ! Mais Paul reste dans les généralités… Quand il rentre dans le concret des situations, là ça se gâte : « Vous les femmes, soyez soumises à votre mari ; dans le Seigneur, c’est ce qui convient. » (Je me rappelle, il y a déjà quelque temps, du refus d’une jeune femme de lire cette lecture, révoltée qu’elle était, se refusant de cautionner de telles affirmations !) . Ce n’est bien sûr pas admissible comme réflexion mais cela montre bien la nécessité pour tous, y compris pour saint Paul, d’une réflexion continue, si possible en lien avec l’Evangile… Réflexion toujours à refaire et à parfaire pour découvrir comment en pleine vie aimer l’autre, c’est là tout le sens de la conversion, chasser nos habitudes… Savoir relire la vie, les évènements pour faire les bons choix, bien vivre cette vie dans le respect et l’amour de l’autre.

Et c’est là que l’on peut prendre l’évangile sur la vie de la sainte Famille. Pour Joseph, dès le départ, sa vie n’a pas été un long fleuve tranquille, loin de là, c’est ce qu’en partie nous raconte l’évangile d’aujourd’hui. Nous pouvons dès maintenant en tirer une conclusion pour nous : Peut-être que certains se disent : « Quand même Dieu aurait pu un peu plus protéger son fils, lui épargner tous ces désagréments de taille, en un mot, lui faciliter la vie… C’est d’ailleurs souvent ce que nous reprochons à Dieu ; de ne pas nous protéger, cela ne nous gênerait pas qu’il nous privilégie ! Joseph, heureusement, ne réagit pas du tout comme cela… Grâce à «  l’ange du Seigneur qui lui apparaît en songe », il prend les décisions qu’il faut pour protéger l’enfant Jésus : Il va vivre la situation d’immigré en Egypte, puis il va revenir, mais pas en Judée,  en Galilée… On pourrait en conclure : Joseph a de la chance, lui, il a l’ange du Seigneur qui lui parle et donc qui lui permet d’avoir les bonnes réactions, nous on ne l’a pas cette aide de l’ange du Seigneur ! Mais si, on l’a… On a la relecture de nos vies, on a la Parole de Dieu à mettre en lien avec cette vie ! Et d’ailleurs Matthieu prend bien soin de nous citer les références de la Bible pour cautionner les décisions prises par Joseph : « D’Egypte, j’ai appelé mon Fils. » « Il sera appelé Nazaréen. » Nous aussi, nous pouvons relire nos vies, comprendre le sens de nos vies à la lumière de l’évangile, en sachant très bien d’abord que le sens que Dieu propose à nos vies ne passe jamais par la tranquillité, l’immunité, la protection… Le sens de nos vies passe toujours par les autres, et souvent par ce qu’ils vivent de plus difficile.

Cette semaine, j’ai eu l’occasion de rencontrer une personne très inquiète par rapport à la santé de son fils en voyage organisé dans un pays chaud et qui est tombé malade : il a de la fièvre, tousse beaucoup etc… Hier, elle était sans nouvelles et bien sûr encore plus inquiète, imaginant le pire ! Alors je lui ai raconté ce que j’avais vécu, à la fin, lors de mon dernier voyage en Israël, marqué par la fatigue, la chaleur, la clim etc… Et comment au retour le repos et les antibiotiques m’avaient remis sur pied. Ce matin, cette maman m’a rappelé, soulagée : Son fils avait appelé, li a expliqué ce qu’il avait : « C’était exactement la même chose que toi ! » m’a-t-elle dit. Alors,  je peux mener ma relecture jusqu’au bout : J’ai regretté que mon état de santé ne m’ait pas permis de profiter jusqu’au bout de ce voyage en Israël, diminué que j’étais à la fin. A partir de là, aujourd’hui, je peux trouver un sens à ce que j’ai vécu là : cette expérience de vie (plutôt désagréable) m’a permis de rassurer une maman à partir de faits réels. Pour le voir et le comprendre, il faut laisser le temps au temps, faire comme Marie : « Garder tous ces évènements incompris et les méditer dans son cœur… »

Jésus a vécu, par la volonté des puissants, la condition d’immigré en Egypte avec tout ce que cela veut dire comme rejet, hors la loi etc… Il a été appelé Nazaréen parce qu’il a vécu dans ce patelin pas bien coté de Nazareth (rappelons-nous : Que peut-il sortir de bon de Nazareth ) Ces situations peu valorisantes, en lien avec sa volonté de partager jusqu’au but notre condition humaine, font que Jésus dès le départ, vit, partage, comprend la situation, la condition des plus pauvres

Daniel Bertèche