Homélie du 17 novembre 2019

HOMELIE   DU  17  NOVEMBRE     ( Luc 13, 24-32)

Il va être question de la fin des temps dans cet évangile… Et cela part de la réaction de certains disciples contemplant le Temple et de la question qu’ils posent juste après suite à la réflexion de Jésus. Ces disciples admirent les belles pierres du Temple et les ex-voto qui le décorent… Jésus est un peu agacé qu’ils soient en arrêt sur des choses plutôt futiles et il leur balance : N’admirez pas cela, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre ! Les disciples interprètent cette réflexion de Jésus en pensant qu’il parle de la fin des temps et inévitablement ils lui posent la question : « Quand cela arrivera-t-il ? Et  quel signe nous permettra de penser que ça va arriver ? » Les disciples sont indécrottables mais nous aussi. J’ai dû en parler encore dimanche dernier pour dire que jamais Jésus ne nous renseigne sur ce sujet parce que ça n’a pour lui aucune importance… On a beau le savoir, aujourd’hui encore, on relit ces textes en y trouvant ce que Jésus refuse de donner : Les signes de la fin des temps : Par exemple pour le texte d’aujourd’hui, je cite : « Il y aura des guerres et des désordres…On se dressera nation contre nation…. Il y aura de grands tremblements de terre, des famines et des épidémies…. Et même vous à cause de votre Foi, on vous persécutera,  jusque dans vos familles…. Effectivement il nous décrit la situation du monde, au niveau de ce qui va mal… Donc nous n’avons pas de mal à transposer les mots de Jésus à la situation d’aujourd’hui (on a même eu droit à un tremblement de terre en France pour faire plus vrai !). Le message, il est dans le comportement que nous devons avoir dans ce moment-là surtout par rapport aux persécutions jusque dans nos familles, quel doit être notre état d’esprit dans ces moments difficiles. Déjà une chose doit être toujours en mémoire : Ce n’est pas parce que nous sommes fidèles à Jésus que nous sommes  protégés, qu’il ne doit rien nous arriver, il n’y a pas de privilèges…

Aujourd’hui, après un enterrement une femme que je ne vois pas souvent mais que je connais bien me dit : « Faudra qu’on cause ! » Je lui réponds : « D’accord, on se téléphone et on prend rendez-vous ! » Cela devait être urgent car une fois que j’avais rangé toutes les affaires et que je sortais de l’église, elle revient à la charge : « Le sujet de conversation, ce sera l’Islam et le Christianisme… Je lis tous les articles que vous écrivez dans le journal paroissial. Je suis d’accord avec vous sur beaucoup de choses mais pas en ce qui concerne l’Islam… J’ai beaucoup voyagé dans la vie et vous êtes un grand naïf, il faut avoir peur de la montée de l’Islam, il ne faut pas les laisser faire parce qu’ils ont ça dans le sang, c’est dans leurs gènes…. » C’était un peu de la description de la fin du monde avec toutes les exactions décrites dans le récit de l’évangile d’aujourd’hui sur la fin du monde, y compris les persécutions… J’ai essayé de montrer comment à travers cette peur, ce rejet violent des personnes qui représentent le mal à ses yeux, à travers ces condamnations systématiques de ce qu’ils sont,  nous sommes un peu responsables de ce qu’ils sont et j’ai osé dire qu’il n’y avait qu’une seule arme, c’est celle de l’attention, du respect, de l’amour.. Bien sûr, je n’ai pas du tout été convaincant ! Mais cela m’a fait repenser à ce que j’essaye de vivre à travers le Secours Catholique avec les personnes dites « en difficulté » que je suis amené à rencontrer, qui parfois d’une manière aussi violentes sont rejetées parce qu’elles ne prennent pas les bons moyens pour s’en sortir, elles profitent des autres, et donc les aider, les accompagner c’est encouragé le vice…Là, à travers les autres, j’ai pu mesurer, vérifier que le message de vie que nous propose  Jésus est efficace. L’amitié, l’accompagnement, la foi dans la transformation de l’autre, l’admiration des petits pas pour avancer etc…. Concrètement, ça marche ! Lentement, pas par les chemins prévus, ça ne se remarque pas plus qu’un cheveu de notre tête perdu ! Un tout petit fait concret : Prochainement a lieu en Meuse, comme tous les trimestres une rencontre de toutes les équipes du Secours Catholique. La réunion commence toujours par un temps de prière qu’il y a encore peu de temps, je préparais seul. J’ai reçu jeudi un coup de téléphone d’une personne « accueillie » me disant : « Il faut que je prépare le temps de prière avec toi ! » Je n’étais pas au courant ! Mais quel bonheur de partager avec elle qui a une Foi à déplacer les montagnes. On a pris rendez-vous et je sais qu’en arrivant chez elle, elle aura préparé un texte de 3 pages, en commençant par me dire que ça ne vaut rien. Alors que c’est tout le contraire. Ce sont ces rencontres de personnes qui aux yeux du monde et aussi parfois à mes yeux ne valent rien qui me font découvrir que le message d’amour de Jésus est vrai et efficace. Et me permet aussi de croire que c’est vrai pour tous, même pour l’Islam. Mais n’oublions pas la dernière phrase de Jésus : « C’est par votre persévérance que vous garderez cette vie… » La persévérance ! Qu’est-ce que c’est vrai aussi !

Daniel Bertèche