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Homélie du 10 novembre 2019

HOMELIE   DU  10  NOVEMBRE     ( 2 Martyrs d’Israël  7,1-2.9-14. Luc 20, 27-38)

Ces deux textes sont tout à fait éclairants pour nous aider à comprendre le sens de la vie, plus spécialement de nos vies à la lumière de l’Evangile. C’est tout l’intérêt et l’importance de ces partages d’Evangile qui ont d’ailleurs été constatés suite au synode sur l’Eglise d’Amazonie : Cette Eglise d’Amazonie qui, malgré son manque criant de prêtres, pratique sa Foi d’une manière bien vivante ; ce qui a amené à la conclusion qui peut nous servir à nous qui allons de plus en plus manquer de prêtres : La vie des communautés ne vit pas à travers le nombre de prêtres, mais à travers des groupes qui partagent régulièrement l’Evangile en lien avec la vie.

Je connais les objections : « L’évangile, on peut lui faire dire n’importe quoi ! » D’abord, ce n’est pas pour ça qu’il ne faut pas essayer ! Et ensuite ces deux textes vont montrer les écueils à éviter. D’abord regardons ce texte des Martyrs d’Israël, un des derniers textes de l’Ancien Testament. On nous parle des sept frères arrêtés avec leur mère pour le fait de refuser de rendre un culte au roi Antiochus Epiphane en manifestant leur fidélité au Dieu d’Israël. Et ils vont tous en mourir en souffrant les pires sévices. Voilà le fait de vie et voilà leur réflexion dans la Foi et surtout leur évolution dans leur manière de croire : Nous sommes fidèles à Dieu jusqu’à en mourir. Cet amour de Dieu pour nous ne peut pas s’arrêter là, ce serait le pire échec, et donc pour eux, il est évident que tout ne peut finir avec la mort. Alors, ils vont poser un acte de Foi, monstrueux à l’époque : Cet amour de Dieu ne peut que nous ressusciter et c’est à partir de là qu’ils ont cru en la résurrection, avec un bémol : Il n’y a que ceux qui agissent bien qui ressusciteront ; tout n’est pas découvert à travers la vie pour tous après la mort ! Mais comme pour nous à travers nos réflexions..

Et puis il y a ces sadducéens dans l’évangile. Ils n’y croient pas eux à la résurrection et ils vont montrer que ça ne tient pas debout en imaginant l’histoire de la femme veuve six fois qui va se retrouver à la résurrection avec sept maris. Elle va être la femme duquel ? Logique ! Imparable même ! Logique, mais dans notre petit cerveau d’humain bien limité. Un exemple : Comment imaginer ce qu’est l’éternité à nous qui avons un début et une fin ? D’ailleurs Jésus ne s’étend jamais sur la question : « Comment ça sera après la mort ?… » Et aujourd’hui même il nous rappelle que notre Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Et donc que tout ce qui est important est à regarder à partir de la vie pour y trouver des signes du Vivant et pas de mort. Bien souvent si nous n’y prenons pas garde nous avons plus facile à nous arrêter sur des œuvres de mort (expressions entendues cette semaine) : « Rien ne va… tout est foutu…Il n’y a plus de jeunes à la messe, Luc n’y arrivera jamais à faite tout sur les villages ou bien il y a plein de gens de ce village qui ont un cancer, il doit y avoir un problème dans ce village ? »

Mais j’ai vécu aussi et ça m’a fort réjoui, j’ai vécu le Dieu des vivants et ce à travers une rencontre que j’ai faite à l’occasion de la préparation d’un  enterrement célébré cette semaine. Cela a été un beau regard sur la vie et sur les proches. Je suis resté deux heures à discuter, à écouter surtout tout ce qui s’était vécu de beau autour de cette personne. Au cœur de ses défauts qu’ils ont aussi évoqués, tout le temps (elle qui était toujours pressée)  qu’elle passé à jouer avec ses petits-enfants au Monopoly qui durait des jours ! L’attention de la personne qui lui portait la communion tous les dimanches… A été aussi évoquée la richesse de vie des jeunes qui refusent la solution du fric pour une vie ouverte et accueillante à tous… Et jusqu’à la belle fille qui racontait  (malgré certaines difficultés, évoquées aussi bien sûr, on était dans le domaine de la vérité, sinon ça n’a aucun intérêt) la belle relation qu’elle avait eu avec sa belle-mère et à que le mari corrigeait : « Oui, mais, si la belle fille a eu une belle relation avec sa belle mère, c’est grâce à la belle fille ! Tu as été formidable de patience, de délicatesse, de présence mais aussi d’une certaine fermeté indispensable avec elle… » Ce n’est pas une belle déclaration d’amour d’un mari pour sa femme ça ? Cette rencontre m’a particulièrement touché parce que nous étions là quelque part pour le « Dieu des morts » et nous nous sommes retrouvés totalement avec le « Dieu des vivants » qui fait du bien pour le moral mais surtout redonne tout un sens. Quand nous essayons de faire une réflexion sur la vie, y compris à partir d’un texte d’Evangile, pour voir si nous faisons ou non fausse route, posons-nous la question : « De qui s’agit-il, du Dieu des morts ou du Dieu des vivants ? » Mais osons-nous mettre en chemin même personnellement : Jésus nous parle toujours à travers l’Evangile éclairé par la vie et, ce qui est formidable, réciproquement ! Mais tenons toujours les deux bouts de la chaîne.

Daniel Bertèche