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Homélie du 3 novembre 2019

HOMELIE   DU  3   NOVEMBRE     (Luc 19, 1-10)

Zachée, on connaît l’histoire ! Ce petit bonhomme pas irréprochable du tout, un voleur, puisque  publicain et même chef de publicains, donc quelqu’un qu’on montre du doigt. Il va malgré tout essayer de voir Jésus qui est entouré d’une foule de disciples  ou au moins des admirateurs…. C’est en pleine vie que va avoir lieu cette rencontre : sur la route, Jésus marche et Zachée court grimper sur un sycomore pour le voir ! Jucher sur cet arbre, il devait avoir l’air un peu bête haut perché, même s’il voulait être discret…  Car il a essayé malgré tout de rester un anonyme au milieu de tous les autres, il n’a pas voulu se mouiller…. Et voilà que Jésus lève les yeux, interpelle Zachée, avec ces mots graves : « Zachée, il faut que j’aille demeurer chez toi ! » C’est une phrase étonnante qui va soulever une certaine indignation de la part de la foule qui va nous éclairer sur la suite : « Il va aller demeurer chez un pécheur … » Par ce geste fréquent dans l’évangile, Jésus va choisir de partager le péché et l’impureté de Zachée… En se compromettant ainsi, en l’aimant de la plus belle manière, par cet amour qui ne demande rien en échange… Lui, le caché sur un sycomore, voulait éviter de se faire remarquer et juger par tous ceux qui le connaissaient et ils sont nombreux ! En l’interpelant, Jésus lui donne toute la place, une certaine première place et par cette première place amicale donnée, Jésus va transformer, on pourrait dire tout naturellement, cet homme. Habituellement, nous, on s’attendrait à ce que Jésus commence par lui dire : « J’irai chez toi quand tu te seras racheté une conduite ! » Ce sera une récompense pour une éventuelle bonne conduite »… Il est là le cœur de cet évangile… Constater concrètement comment Dieu nous aime jusqu’à se compromettre avec nous, partager notre péché et cette attitude aimante nous donne la possibilité de nous transformer : et c’est vrai !. C’est l’amour constaté, reconnu et admiré qui nous transforme en profondeur et rien d’autre. C’est ce visage aimant de Jésus qui  permet à Zachée d’être totalement transformé, capable d’aimer. Cela, on a toujours à se le rappeler, c’est vrai venant de la part de Dieu… Mais il y a une étape supplémentaire qu’il nous propose… Cette attitude « transformante »  nous avons aussi à la croire possible pour les autres. Et donc c’est tout aussi vrai pour nous vis-à-vis des autres…. Mais nous, qu’est-ce que nous avons du mal à l’admettre et surtout à le vivre.

Je suis rentré hier matin du Sénégal. Atterri en tout début de matinée à Roissy, nous attendions de longues heures à cette même gare, le TGV qui nous ramenait en Meuse. Il y avait beaucoup de monde à attendre les TGV et les places assises dans le Hall fort ventilé étaient peu nombreuses. Là où j’attendais debout que le temps passe, un gamin d’une famille proche de là où j‘étais  avait libéré une place que je me suis empressé d’occuper ; cinq minutes après le gamin revient et donc tout naturellement, reprend sa place, sa mère lui fait la leçon : « Tu vois si tu t’en vas sans faire attention, il y en a toujours qui prendront ta place… » Un peu remonté par la réaction de la mère ( j’aurais beaucoup plus apprécié la réflexion du style : « Mon gamin, laisse ta place au monsieur, il est vieux, il a mal aux jambes… ») Je suis allé raconter à d’autres personnes du groupe ce qui venait de m’arriver, avec une certain déception d’un égoïsme ambiant que là la maman encourageait … Aussitôt un couple de mon groupe fonce à la place que j’occupais juste avant pour rétablir la justice : Je m’y oppose très violemment, en disant qu’on ne changeait pas les personnes à leur place, ce n’est pas en attaquant à fond qu’on permet aux personnes de changer.. Ce n’est pas de  notre ressort… et  je suis parti mécontent pendant que le couple s’installait à ma place, poussant un peu plus loin les enfants ! Sentant venir le conflit dont j’étais un peu le responsable, je m’en voulais d’ailleurs quelque peu en m’éloignant! Quand je suis revenu quel ne fut pas mon étonnement de voir les deux couples discuter, chambrer et blaguant avec les enfants. Je leur ait mon étonnement et mon admiration. En fait, il ne se sont pas affrontés et assez vite ils se sont mis à causer sur le temps d’attente de la correspondance, d’où ils venaient et même sur l’éducation de leurs enfants. Je dois reconnaître que je ne m’attendais pas tout à cela , la preuve c’est que j’ai réagi plutôt  violemment, en faisant la morale pour les uns cette famille comme pour les autres mes amis ; les uns comme les autres sont beaucoup plus capables que je ne pense de bien réagir. Surtout que dans des endroits comme ceux surchargés des gares, les nerfs sont souvent exacerbés et il faut une bonne dose de sérénité pior bien réagir sans mettre d’huile sur le feu. J’ai dit à mes amis toute mon admiration pour la richesse qu’ils avaient su tirer d’une rencontre plutôt mal partie. Cela m’a rappelé que j’avais à faire davantage confiance et à continuer comme Jésus à croire en toute personne…..

Daniel Bertèche