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Homélie du 4 Août 2019

HOMELIE   DU  4  AOUT    (Col. 3,1-5,9-11. Luc 12,13-21)

Ces trois textes sont tous les trois un peu compliqués à comprendre mais ils s’éclairent bien l’un par l’autre…. Il y a cet évangile où du milieu de la foule un homme interpelle Jésus pour que celui-ci ordonne  à son frère de partager leur héritage… Jésus s’y refuse en disant que ce n’est pas sa mission. Et d’ailleurs il conclue en expliquant : « La vie d’un homme ne dépend pas de ce qu’il possède ! » Puis comme souvent il raconte une parabole :  là, c’est l’histoire d’un homme riche qui avait obtenu de si belles récoltes qu’il émet le projet de démolir ses greniers trop petits pour en construire de plus grands afin de pouvoir y mettre tout son blé et tous ses biens. Une fois tout ceci accompli, il se dit : « Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence ! ».Et Dieu lui dit : « Tu es fou, cette nuit, on va te redemander ta vie. Et ce que tu auras accumulé, qui l’aura… » Ce qui frappe, c’est que Jésus ne reproche pas à cet homme d’être riche mais la seule question qu’il se pose , c’est qui pourra bénéficier de cette richesse et ça entraîne sa conclusion : « Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu » Voilà le message de Jésus : Il est important de ne pas amasser uniquement pour soi-même, le bonheur ne se trouve pas au bout de ce chemin-là ! Et il conclue : « Au lieu d’être riche en vue de Dieu… » Qu’est-ce que ça veut dire : en vue de Dieu ?

C’est St Paul qui va nous donner l’explication à la fin de la deuxième lecture : Il nous invite à chasser  l’homme ancien basé sur la soif de posséder qui est une idolâtrie pour revêtir l’homme nouveau qui nous fait regarder le prochain autrement : « Il n’y a plus le païen et le juif, le circoncis et l’incirconcis, il n’y a plus le barbare ou le primitif, l’esclave et l’homme libre ; mais il y a le Christ ; il est tout, et en tous. » Ce qui veut dire, croire en la présence de Jésus en toute personne nous oblige d’une certaine manière à changer de regard sur ces personnes à chasser toute idée de « classes » et à voir en toute personne des richesses bien présentes. Mais il y a une condition : pour voir et admirer toutes ces richesses, il ne faut pas chercher à amasser pour soi-même !

C’est le moment des vacances et c’est le temps où je peux me retrouver à partager des repas avec des personnes « non habituelles », qui ne font pas partie du sérail. Et là pour reprendre les paroles de Saint Paul, il faudrait rajouter à ce qu’il dit : « Il n’y a plus arabes et vrais français, et surtout  jeunes et anciens… » Dernièrement, j’ai pu me retrouver avec des personnes d’un certain âge marquées par leur passé, leur histoire, leurs valeurs et qui à partir de ce qu’ils ont amassé dans leur grenier regardent  inévitablement la vie d’aujourd’hui avec une certaine dureté, une inquiétude et beaucoup de découragement. Et parfois les conversations se déroulent dans un certain climat de morosité. Et c’est drôlement difficile de quitter l’homme ancien pour revêtir l’homme nouveau. Je me rappelle à un certain repas où la conversation tournait autour des jeunes, qui ne valent plus grand-chose, j’ai voulu  redonner un peu le moral aux personnes présentes en racontant tout ce que je voyais de beau à propos de la mentalité de certains jeunes d’aujourd’hui de notre coin : Evoquant tous ces jeunes qui chacun à leur manière refusent cette société à la consommation effrénée où la personne humaine n’est plus au centre des activités au détriment de l’argent, et donc allant jusqu’à accepter des petits boulots, une des personnes pensant aller dans mon sens m’a interrompu en disant : « Ah, oui, ça c’est vrai, les jeunes d’aujourd’hui ne veulent plus rien faire ! Et ils veulent tout, tout de suite ! » J’ai eu bien du mal à reprendre en évoquant les jeunes qu’ils connaissaient qui se sont lancés dans le jardinage, dans la culture, l’élevage ou l’arboriculture biologique dans un certain nombre de nos villages, qui ont ouvert un lieu de partage et de rencontres appelé « La vida locale » etc… Ils ont admis la réalité et reconnaissant par eux-mêmes la qualité de ce qu’ils recherchent, ce qui a contribué à redonner un peu le moral grâce aux sujets de conversations évoqués. Tout le monde a pu regarder autrement ces jeunes non pas dans la grandeur du grenier mais dans la qualité du cœur. En sachant que revêtir l’homme nouveau et se débarrasser de  l’homme ancien, ce n’est jamais acquis c’est toujours à refaire. Ils ont eu du mal  à admettre quand je leur ai dit que j’avais rencontré à Lourdes une jeune femme qui avait quitté son métier d’avocate pour fabriquer du fromage, afin de pouvoir vivre avec son mari et procurer à leur enfant une vie plus équilibrée. Ça a été difficile pour eux d’y voir un mieux ! Mais ils ne connaissaient pas. Ça a été plus facile quand on est resté parler des jeunes qu’on connaissait et on a pu reconnaître que vraiment en recherchant les réalités d’en haut dont parle Paul, ils contribuaient à procurer du bonheur à toutes les personnes rencontrées.

Daniel Bertèche