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Homélie du 11 novembre 2018

   HOMELIE   DU  11  NOVEMBRE     (1Rois 17,10-16. Marc 12, 38-44)

En ce jour du 11 Novembre, il est évident que nous ne pouvons pas faire l’impasse sur l’évènement qui a occupé une bonne partie de l’information tous ces jours derniers : La fin de la guerre, le 11 Novembre 1918. Nous avons eu droit à des tas d’informations tous azimuts sur l’évènement en se rappelant que cet évènement a fait 20 millions de morts et 18 millions de blessés et que pour nous, le devoir de mémoire c’est justement que ces horreurs ne se reproduisent plus. Je suis sûr qu’en 1918, beaucoup espéraient que cette guerre serait véritablement la « der des ders ! »… et 20 ans après on a recommencé d’une manière encore plus terrible. Aujourd’hui, on admet que les conditions de cet armistice étaient tellement lourdes et contraignantes pour les «  perdants » que cela a facilité l’essor du Nazisme dans cette nation humiliée.

Aussi, pour nous, ce devoir de mémoire nous oblige à une réflexion un peu profonde pour faire tout pour que plus jamais de telles atrocités ne se reproduisent. La personne humaine vaut mieux que cela. Pour nous aider dans notre réflexion, l’Eglise nous propose comme modèles deux veuves (et nous savons combien il y en a eu pendant cette guerre !), au comportement un peu semblable.

Le premier modèle, tiré d’un texte de l’Ancien Testament, nous parle d’une veuve très pauvre qui se prépare à mourir de faim avec son fils. Le prophète Elie, qui a faim, a le culot de lui demander à manger, alors elle lui explique sa situation tragique… Elie insiste et elle lui prépare à manger ce qui lui reste et le miracle se produit « ils eurent tous les trois à manger pendant longtemps ! » Quel est le message de ce texte : Ne soyons pas des gagne petits, prenons le risque du partage, Elie dit à la femme : « N’aie pas peur ! » La peur, c’est souvent ce qui nous empêche de bien réagir… On a toujours peur de manquer, que d’autres nous prennent ce que l’on a… C’est tout un mouvement d’opinion qui grandit de plus en plus aujourd’hui, on est de plus en plus frileux : « La France aux Français ! » Les autres qu’ils se débrouillent et d’abord, ce sont des paresseux qui vivent sur notre dos. Leur trouver tous les maux et surtout tous les vices nous permet d’avoir bonne conscience pour pouvoir les rejeter. Mais on en ressort le cœur complétement desséché, alors qu’en prenant le risque de tout donner, on en ressort le cœur gonflé à bloc et heureux…. Voilà le premier message, avec une précision non sans importance : Cette femme qui donne tout, c’est une païenne et c’est une étrangère (sans commentaires !)

Le deuxième modèle, c’est Jésus qui nous le propose, c’est un fait de vie : Jésus est au Temple et regarde les gens qui mettent de l’argent dans le tronc… Marc précise : « Beaucoup de riches mettaient de grosses sommes… » et puis voilà qu’au milieu de ces riches, s’avance une pauvre veuve qui dépose deux petites pièces de monnaie… Ridicule… Qu’est-ce que c’est par rapport aux autres. Et Jésus appelle ses disciples et leur déclara : « Cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres, parce qu’elle a mis tout ce qu’elle avait pour vivre ! » Je pense, et c’est normal, que si Jésus n’avait pas été là pour leur signaler, les disciples n’auraient même pas remarqué la présence de cette femme encore moins l’importance de son don… Et je me dis que pour moi, c’est pareil… Je suis capable de constater qu’on ne va pas tellement dans le sens d’une solidarité plus grande entre les peuples, cela m’arrive souvent de le dénoncer et même de le prêcher alors que je sais que cela ne sert à rien qu’à agacer certains, surtout pas de les convertir. Et puis c’est un constat négatif qui ne redonne pas le moral. Jésus m’invite à bien regarder, à savoir relire et contempler toutes ces personnes qui donnent, à première vue, trois fois rien, quelque chose de dérisoire comme action, les admirer parce que nous savons que les choses essentielles sont cachées, ne se proclament surtout pas sur la place publique. Un petit fait pour terminer (deux petites pièces !) : Pendant les vacances au Sénégal, à cause de la chaleur (ou grâce à, c’est selon !) nous passions de longs temps dans la piscine, l’un de nous, handicapé, il y a deux ans encore, osait se jeter dans la piscine, cette année, il n’a pas osé, ce qui fait qu’il se trouvait un peu isolé et involontairement mis à part du groupe. Très vite, deux hommes du groupe lui ont proposé de l’aider à descendre dans la piscine, ce que rassuré il accepta bien volontiers. Tout heureux, il a pu totalement faire partie de la vie du groupe. J’avoue que je n’avais pas pensé à cette solution, restant sur l’échec.. Et je n’ai pu qu’admirer et me réjouir de l’initiative de ces deux hommes. Ce n’est rien, mais pour cet homme handicapé, c’était vraiment vivre avec nous, comme nous, malgré son handicap et il n’a eu de cesse de remercier ceux qui avaient pris cette initiative. Cela ne paraît rien, peut même être évident (pas à moi pourtant) mais j’ai été témoin de son bonheur.

Daniel Bertèche