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Homélie du 29 juillet 2018

 HOMELIE   DU  29   JUILLET       ( Jean 6, 1-15)

Je rentre de Lourdes et l’histoire de cette grande foule… d’une foule nombreuse… de tant de monde, expressions répétées dans cet évangile, correspond tout à fait à ce que j’ai vu à Lourdes, où il y avait plutôt plus de monde que d’habitude :
Effet chiffre rond : 160ème anniversaire des apparitions ?
Effet Tour de France : L’étape d’hier débutait à l’intérieur même du  sanctuaire ! De la même manière, cet effet de foule, je l’ai ressenti aussi pendant le voyage où 1000 personnes rassemblées dans le même TGV en provenance des diocèses de Metz, Luxembourg et Verdun où il a fallu gérer cette nourriture à donner à la foule, formée de malades, de soignants et de pèlerins… Il a fallu beaucoup de patience, de doigté, d’amitié pour que tous cohabitent dans le plus grand respect et la dignité (surtout pour les malades).
Et cette relation malades, soignants ou brancardiers s’est vécue au-delà du respect mais avec une amitié et osons le mot un amour extraordinaire à mes yeux. Un seul petit exemple (petit ?) : Sur le quai de la gare de Metz, au moment de se quitter, une soignante caresse doucement le bras et la joue d’une des personnes les plus handicapées de notre groupe (entre autres handicaps, elle ne parle pas) et puis elle embrasse longuement la joue de cette malade, enfin propose sa joue à la bouche de cette handicapée qui ouvre largement les lèvres pour l’embrasser aussi longuement dans un bonheur mêlé de larmes pour les deux personnes (et aussi pour certains témoins assistant à cette scène !). N’est-ce pas là que sont les plus beaux miracles…

Pour revenir au texte et voir combien il « colle » tout à fait à la réalité de Lourdes, à la question de Jésus de nourrir cette foule André répond « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est que cela pour tant de monde ! ». Et nous savons que ce sont les cinq pains d’orge et les deux poissons de ce jeune garçon qui ont nourri la foule.
Nous avons vraiment fait la même expérience avec les jeunes de notre groupe. Ceux qui ont l’habitude de m’écouter (ou de me lire) se rappelle d’une réflexion que les responsables de l’hospitalité s’était faite à propos de ces jeunes si généreux, si attentionnés vis-à-vis des malades mais qui ne participaient que rarement aux cérémonies attendant dehors avant de récupérer les malades.
Nous avions décidé plutôt que de leur faire une quelconque morale de mettre en avant leurs richesses de vie en les écrivant dans un livre des merveilles où tout le monde pouvait écrire et qui serait présent à toutes nos célébrations.
Ce livre des merveilles avec une couverture exprimant tout à fait avec beaucoup de sensibilité l’objet même de ce livre, après quelques hésitations fut un beau succès. Beaucoup plus par la présence de son esprit à tout moment de notre pèlerinage, que par le nombre d’écrits.
Combien de personnes au hasard de mes rencontres évoquaient, avec étonnement, les merveilles qui les réjouissaient chez ces jeunes. Je pense ainsi à ce vieux prêtre dans son fauteuil emmené par un jeune et à qui je demandais si ça allait me répondant dans un large sourire : « Comment veux-tu que ça n’aille pas quand tu es ainsi chouchouté par ces jeunes ! »
Et peut-être, ce qui pour moi a été le plus marquant et le plus étonnant, ça  a été à la première célébration la présence de tous les jeunes à cette célébration…
Et on s’est pris à s’habituer à la présence de ces jeunes à nos propres célébrations, peut-être un peu trop.
A une dernière célébration, au début l’évêque me dit : « Tout le monde n’est pas là ! » Nous étions dans une  chapelle plus grande ce qui donne une impression de vide. Mais je ne réponds rien car j’avais remarqué qu’effectivement deux jeunes étaient absents au départ. Mais cinq minutes plus tard, je les vois arriver tellement discrètement que l’évêque ne s’en aperçoit pas. Alors pendant la première lecture, je dis à l’évêque : « ça y est tout le monde est là ! » et on sourit ensemble de notre réflexion !

Cette démarche de cette année nous a permis d’ouvrir nos yeux, de découvrir la nécessité d’une réflexion ensemble pour savoir respecter, que nous n’avons pas à embarquer ces jeunes là où ils ne veulent pas aller… De toutes façons,  on n’a pas trop de temps pour contempler et se réjouir de tout ce qu’ils vivent de beau.
Et le message pour nous aujourd’hui c’est de passer à nos réactions comme André : « Il y a bien là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde… » à une autre réaction liée par la Foi : « Avec les cinq pains et les deux poissons de ces jeunes, c’est vrai, ils ont nourri notre pèlerinage… »
Et cela s’est vérifié pour nous, cette année, ils ont donné l’esprit de ce pèlerinage, ils ont pris leur place et à certains moments su corriger certaines réflexions. Ils nous ont, ils m’ont converti. Et ce sont des jeunes bien comme les autres, mais regardés autrement : tout cet état d’esprit partagé a permis d’ôter toute cécité.

Daniel Bertèche