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Messe de Minuit à la Cathédrale de Verdun

Homélie de Monseigneur GUSCHING

« Oui ! un enfant nous est né, un fils nous a été donné » ! C’est bien cette prophétie et cette réalité que nous célébrons en cette fête de Noël, Jésus, le Christ, le Fils de Dieu, la Lumière, le Sauveur. Tous ensemble, nous nous réjouissons ce soir d’une naissance pas comme les autres.

Une grande lumière a resplendi dans les ténèbres de la nuit et du désespoir d’Israël ; dans les ténèbres de nos nuits et aussi de nos manques d’espérance, une lumière surgit, un Sauveur est né. La naissance du Seigneur Jésus transfigure et produit 3 effets : la nouveauté, la rencontre, la tendresse.

La nouveauté – cela n’a l’air de rien, mais ce lien entre naissance et nouveauté est très profond. La philosophe Hannah Arendt dit : « Le miracle qui sauve le monde, c’est finalement le fait de la natalité, la naissance d’hommes nouveaux, le fait qu’ils commencent à nouveau. » Je dirai « Comme neuf ». Dans un monde où l’espérance fait souvent défaut, toute naissance vient attester que nous ne vivons pas dans un monde stérile de la vie, une vie sans postérité. Autre chose est possible, l’annonce d’une naissance ouvre un avenir possible. Oui, toute naissance crée une nouveauté : on parle d’ailleurs de nouveau-né ! Quelle plus grande nouvelle annoncer dans une famille qu’une naissance à venir ! La naissance crée l’attente, l’attente du nouveau !

Ce soir, nous voici devant la crèche contemplant ce nouveau-né à la fois si commun et pourtant si attendu. En lui, il y a tant de promesses et tant de noms : « Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix », Emmanuel, … Mais la nouveauté apportée par ce bébé dépasse largement nos attentes et crée un horizon définitivement nouveau. La nouveauté inaugurée par la naissance de Jésus est définitive et ne passera pas : avec lui, la lumière et la joie sont nées dans le monde ; nulle ténèbres, nulle tristesse ne sauraient les étouffer. Désormais, Dieu est avec nous, c’est irréversible et cette nouveauté se vérifie à chaque instant de notre vie. C’est donc vraiment une Bonne Nouvelle !

Toute naissance crée aussi des rencontres inattendues. Il suffit qu’un enfant commence à s’agiter pour que des sourires apparaissent, que les répliques fusent, que les conversations s’engagent. Les petits enfants ont cette capacité d’attirer l’attention à eux et de créer des relations. C’est souvent le cas dans des fêtes de familles où la présence de bébés donne matière à conversation : « Il est mignon, hein ! »

A Bethléem, il en est de même : voici que Marie et Joseph se retrouvent accompagnés de bergers, et bientôt arriveront les Mages. Autrement dit, cet enfant de la crèche attire déjà à lui la terre entière. Sa présence traverse les frontières géographiques, sociales, politiques et religieuses. Grâce à la foi, Il nous donne de rencontrer ceux ou celles que peut-être nous n’aurions jamais connu !

Enfin, toute naissance nous laisse mesurer : l’effet de la tendresse. Quel cœur ne se laisse attendrir devant un nouveau-né ? C’est le plus souvent l’enfant qui gagne et fait craquer le cœur trop sérieux, grimaçant des adultes. Et le Pape François de dire : « Nous ne devons pas avoir peur de la bonté, et même pas non plus de la tendresse ! » Apprenons donc à nous laisser attendrir par tout nouveau-né. Mais celui que nous contemplons en ce Noël risque de provoquer sur nous un effet tendresse encore plus radical. En Jésus, à travers son humanité, Dieu attendrit notre cœur. Au fond, c’est peut-être cette tendresse de Dieu qui est la clé du mystère de Noël : c’est parce que nous nous laissons toucher et attendrir par le Seigneur que nous nous ouvrons vraiment à sa nouveauté, mais aussi que nous pouvons nous rencontrer en profondeur, en frères et sœurs de Jésus.

C’est le moment, l’heure est venue, frères et sœurs, de sortir de notre endurcissement et de nous laisser toucher par la grâce de Dieu. L’Enfant-Dieu nous tend sa menotte, c’est le moment de la saisir et de nous décider à ne plus la lâcher : alors nous connaîtrons la nouveauté de son amour, nous expérimenterons que sa tendresse est infinie, nous rencontrerons ceux que nous n’attendions pas. Voilà comment le mystère de Noël transfigure le mystère de toute naissance : que ce mystère soit aussi celui de notre propre naissance à la vie de Dieu. Oui, vraiment, joyeux Noël à tous !

 

+ Jean-Paul Gusching  – le 24 décembre 2017